Arnaud Beltrame, cette petite flamme...
Publié le Par Fabrice Bluszez
Ce mercredi 28 mars a lieu l'hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué lors de l'attentat islamiste de Trèbes (Aude), vendredi 23 mars.
Il y a deux personnages chez le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
Il y a le militaire qui honore son uniforme en s'engageant. Il monte au front, seul. Concours de circonstances. On peut supposer que, plus haut gradé, c'est lui qui parlait au terroriste... Très bien. Sauf qu'il a échoué à maîtriser l'individu. Le militaire est donc mort en combattant et rejoint tous ceux que l'on honore sur nos monuments aux morts, tués à l'ennemi. Cela a le mérite de rassembler même les antimilitaristes, les opposants à toute forme d'ordre. Quoi de plus rassembleur qu'un héros mort ? On préférera quand même les combattants qui gagnent, qui donnent la victoire. Tant il est vrai qu'on ne s'engage pas dans une guerre pour y mourir mais pour la gagner. Et là où le terroriste a échoué et où le militaire gagne, post-mortem, c'est qu'il nous donne à voir un héros, donc un exemple... Dans la voie de l'action, pas la plus plus aisée : ça peut rater, on peut y laisser sa vie. Arnaud Bletrame aurait tué le terroriste, on aurait conclu à un geste technique, professionnel, mais apparemment, les enseignements, l'entraînement, la maturité, n'ont pas suffi. Nous voilà prévenus : ce ne sera pas facile.
Il y a aussi l'homme, Arnaud Beltrame et ses qualités civiles. Il est chrétien, donc. Cela a compté au moment de proposer de remplacer l'otage. Là-dessus, difficile d'ajouter, aussi près de Pâques et du fils de Dieu qui donne sa vie pour sauver l'humanité... L'Eglise aussi y a trouvé un héros réel, vrai. « Et incarnatus est ». La voie est donc tracée.
Et puis il y a les gens...
Au plan militaire comme au plan religieux, pour les islamistes, l'échec est double. Pire : on ne le dit pas assez mais puisque le colonel Arnaud Beltrame a réalisé un exercice d'attentat ailleurs, là ce fut un exercice en vraie grandeur, même pas un exercice. « Ce n'est pas un exercice ! » alerte-t-on dans les films quand ce n'est pas un exercice mais bien l'ennemi qui attaque. Et le peuple de Trèbes (Aude), le petit peuple du Super U de Trèbes, pas prévenu, qui venait faire ses courses, s'en est remarquablement sorti. Il a fait exactement ce qui est dit dans les consignes. Il s'est caché, il a fui. Il a laissé le terrain aux militaires. Il a laissé peu de prise au pouvoir du terroriste qui a stupidement accepté de remplacer sa seule otage (on a cru qu'il en détenait plusieurs) par un militaire aguerri. A partir de là, il n'avait plus que sa vie à défendre : il n'y avait plus autour de lui que des militaires. Et forcément, comme on s'y attendait, il est mort dans les heures qui ont suivi. Echec et mat. La petite flamme de la résistance est allumée. Alors évidemment, il y aura d'autres victimes mais cette petite flamme, on l'a !