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Balance ton porc ou la fin de la liberté sexuelle

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © Charente libre


Les années érotiques, commencées non pas en 1969 mais un peu avant, sont finies. On est passé de "Balance ton corps" à "Balance ton porc". Le féminisme y gagne sans doute mais la liberté y perdra beaucoup.

L'immense déballage international sur le harcèlement sexuel, orchestré depuis les Etats-Unis sous les hashtags #BalanceTonPorc ou #MeToo a déjà provoqué des fins de carrière : un acteur, Kevin Spacey, dénoncé par deux acteurs plus jeunes pour des avances homosexuelles, un ministre britannique accusé de harcèlement qui démissionne, un théologien musulman accusé de deux viols...

Coupable ou non coupable, cela se règlera au tribunal. Les temps changent. Ils ont déjà changé. Et sans doute 2017 marque la fin des "années érotiques" commencées vers 1969 (sans doute, un peu avant, n'en déplaise au poète). De la "libération sexuelle" surtout...


Les exemples se multiplient... En Eure-et-Loir, un professeur voit son profil sur un site de rencontres diffusé auprès des élèves, les parents alertés, le signalent au proviseur, il est suspendu. Il n'y avait pourtant aucune photo érotique. Mais l'administration ne prendra aucun risque. Dans Valeurs actuelles, le couple Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent est raconté sans fard et sans honte par un ancien employé, embauché entre autres pour participer à leurs moments de débauche. Le titre : "Saint-Laurent et Bergé, deux êtres malades sexuellement." En Charente, près de La Rochefoucauld, un rond-point, lieu de rencontres anonymes intersexes, entre prostitution et "lieu de drague" homosexuel, a fait l'objet d'un marquage au sol. "Non aux pervers. Laissez nos enfants", dit le texte. L'auteur, père de quatre enfants, a refait son geste devant le photographe du journal local, Charente libre.
internet a tout changé


Quel est le lien entre toutes ces histoires ? C'est Internet. Paradoxalement, le réseau a effacé la notion de vie privée et avec elle tout un pan des libertés publiques. Pourquoi ? Parce que, pour exister, nous avons ouvert portes et fenêtres. Dans les années 70, la photo sur papier de Gérard tout nu lors d'un bain de minuit sur la plage avait peu de chance de sortir du cadre familial. Aujourd'hui, plus l'affaire est croustillante, plus l'audience est instantanément large. En cas de dénonciation, ce public se fait juge et l'accusé se retrouve seul face à la foule. 


Facebook vous propose de prouver votre identité et relie d'office tous vos contacts à votre compte, qu'ils soient familiaux, professionnels ou intimes... Les sites de rencontres comme Badoo ou Meetic préfèrent que vous montriez une photo de votre visage, et eux aussi vous demandent d'inviter la liste de vos contacts à intégrer leur plateforme. Tout comme les sites professionnels, de type Linked In, qui retentent l'opération à chaque connection.


A quoi s'ajoute la géolocalisation. En cherchant dans un rayon de 10 kilomètres, le lycéen retrouve sa professeur d'anglais, ou le patient son oto-rhyno. En province, en zone rurale, tout va très vite.


Reconstruire des murs 


La solution, c'est l'abonnement, qui permet de restreindre l'accès à un petit cercle. Les célébrités actuellement mises en avant à cause de leur imprudence vont rapidement refermer les portes de leur vie privée. Les principales victimes du retour de la "morale" seront probablement des gens ordinaires, en province, qui n'oseront plus, qui se cacheront. Le milieu LGBT va probablement passer en plongée périscopique...

Fin des années libérales, libertaires, libertines... Le journal francophone libanais L'Orient -Le Jour citait hier un avocat égyptien, Nabir El Wahech :
 

« Une fille qui se balade dans la rue, avec une déchirure sur son jeans, au niveau de la cuisse ou de son derrière, vous savez ce que j'en pense ? Je pense que harceler une telle fille est un devoir national, la violer est un devoir national ! »


Ces propos sur un plateau de télévision ont suscité une réprobation immédiate et un tollé international. Mais il n'est pas impossible que, d'une certaine manière, ces gens-là aient déjà gagné, grâce aux dénonciations des pervers...