Salon de l’Agriculture : moins de pesticides dans les exploitations françaises ?
Publié le Par Un Contributeur
A l’occasion du Salon de l’Agriculture, qui s’est clos dimanche 1er mars, Céline Imart, exploitante dans le Tarn et vice-présidente du syndicat des Jeunes Agriculteurs, assure qu’il y a « une prise de conscience » dans l’utilisation des pesticides par les producteurs français.
L’édition 2015 du Salon de l’Agriculture a fermé ses portes dimanche 1er mars sur un bilan honorable : 691 058 visiteurs, un peu moins que le record de l’année précédente, mais l’évènement reste l’exposition préférée des Français. Les 959 exposants venus des quatre coins de la France ont pu présenter leur profession. Parmi ce melting pot made in France, Céline Imart, 32 ans, productrice de céréales et de semences dans le Tarn et vice-présidente des jeunes agriculteurs. Son métier, elle en rêvait depuis son enfance. « Un milieu dans lequel j’ai baigné depuis toute petite », explique-t-elle. Pourtant la jeune femme, diplômée de Sciences Po et de l’Essec, avait débuté une carrière dans la finance mais « c’est toujours la passion qui nous rattrape ». Une affection nécessaire pour faire ce métier difficile mais « extraordinaire de richesse, de diversité, de complexité mais aussi de bonheur ».
Si la vice-présidente nationale du syndicat Jeunes Agriculteurs est au salon, c’est pour sensibiliser les visiteurs sur les transformations de la profession et briser les idées reçues. « Le monde agricole aujourd’hui est en pleine mutation. La société nous attend au tournant sur beaucoup d’interactions qu’on peut avoir, par rapport à la qualité alimentaire, à l’environnement… On est dans un monde aujourd’hui très règlementé », précise l’agricultrice.
Une « prise de conscience » dans l’utilisation des pesticides
La jeune femme défend, comme beaucoup de ses collègues, un renouveau de la profession, notamment dans l’utilisation des pesticides, aujourd’hui beaucoup plus respectueux de l’environnement, selon elle. Une revendication que les agriculteurs tentent de mettre en avant en sensibilisant la population grâce à l’événement parisien. « Les phytosanitaires, les pesticides, ce sont des moyens de protections des cultures au même titre que nous prenons des antibiotiques quand nous sommes malades, argumente Céline Imart. Quand on a des attaques de champignons, de ravageurs, il y a un moment où il faut s’en prémunir ». Sur le sujet, l’exploitante se veut rassurante : « Quand la qualité sanitaire des parcelles et de la production alimentaire est vraiment menacée, les pesticides sont une réponse que l’on fait en dernier recourt pour pouvoir garantir la qualité de la production ».
Aujourd’hui, selon la jeune agricultrice, la profession a une réelle prise de conscience sur l’emploi et les usages des pesticides. En cause, leur prix « de plus en plus cher », mais aussi et surtout la dangerosité de certains d’entre eux. « Il faut savoir que depuis 1993, la moitié des molécules actives de phytosanitaires ont été retirés au niveau de l’Union Européenne, plaide-t-elle. On a beaucoup progressé sur la prise de conscience de la dangerosité de certains produits, de certaines matières actives ». Pour elle, il y a « une évolution sur les vingt dernières années qui tend à raisonner complétement l’utilisation de ces entrants chimiques par le monde agricole ».
Une utilisation raisonnée ?
L’utilisation de pesticides est-elle encore abusive ? Pour la jeune femme, la réponse est non. « Aujourd’hui toutes les interventions que l’on fait dans les cultures sont liées au besoin de la plante, argumente-t-elle. Elles sont faites dans des conditions météorologiques, d’hydrométrie, de vent, d’analyse sur lesquels on a des outils de pointe qui nous aide à la décision ».
Existe-t-il d’autres solutions ? Sur ce point, Céline Imart assure que les exploitants « essaient vraiment de tabler sur la recherche qui se fait aujourd’hui au niveau des alternatives ». Mais « tant qu’on n’a pas d’alternatives, on utilise des produits phytosanitaires », poursuit-elle. Et de conclure : « Plus on aura de solutions alternatives sur le marché, plus on les utilisera. Et plus on aura de matières alternatives de bio-contrôle ou de recherche disponible, plus on ira dans ce sens, promet-elle. Nous en sommes les premiers demandeurs ». Une agriculture plus verte, plus respectueuse de l’environnement qui a donc encore un bout de chemin à faire.
Laurent Pradal
Outre l’utilisation des pesticides, Céline Imart a également défendu, sur Europe 1, la construction du barrage de Sivens dans le Tarn, le département où est implantée son exploitation.
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