Crash du vol AH 5017 : pourquoi la piste des mauvaises conditions météo est privilégiée
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Depuis que les débris de l’avion ont été retrouvés, le gouvernement semble privilégier la piste des mauvaises conditions météorologiques pour expliquer le crash. Explications.
Alors que les soldats français arrivés sur le lieu du crash ont retrouvé l’une des boites noires de l’appareil, plusieurs pistes sont explorées pour expliquer le crash du vol AH 5017 d’Air Algérie. L’avion de la compagnie espagnole Swiftair, qui devait relier Ouagadougou à Alger, s’est écrasé dans la région malienne de Gossi, à une centaine de kilomètres de Gao, dans le nord-est du pays. François Hollande a confirmé que, sur les 118 passagers – et non 116 comme indiqué dans un premier temps – « il n’y a hélas aucun survivant ».
Une zone orageuseSi le président de la République affirme que le gouvernement et les spécialistes n’écartent « aucune piste », celle des mauvaises conditions météorologiques semblent, pour le moment, la plus crédible. En effet, l’appareil avait dû changer de trajectoire, quelques minutes après le vol, en raison de la présence de fortes « zones orageuses », particulièrement récurrentes dans cette région du Sahel, à cette époque de l’année. « C’est une saison très difficile là-bas météorologiquement », confirmait le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Weather satellite image at time of accident of #AH5017 near Gossi, Mali (source: Wunderground) pic.twitter.com/naRV0bXasN
— AviationSafety (@AviationSafety) 25 Juillet 2014
De plus, le secrétaire d’Etat des Transports Frédéric Cuvillier indiquait ce matin, après la découverte de l’épave, que les débris étaient compactés dans une zone « ramassée ». Une information confirmée par le chef de l’Etat en fin de matinée, indiquant que « les débris de l’avion sont concentrés sur un espace limité ».
Pas d’explosion en vol
Ce premier élément semble alimenter la piste des mauvaises conditions météorologiques. Tout du moins, cela indique que l’avion n’a pas explosé en vol. L’appareil s’est donc probablement écrasé sur le sol alors que sont habitacle était encore entier. Cela exclu l’hypothèse d’une déflagration en vol, car dans ce cas, les débris seraient étalés sur une zone plus large.
Frédéric Cuvillier a d’ailleurs exclu l’hypothèse d’un tir de missile qui aurait pu frapper l’appareil, comme cela semble être le cas en avec le vol MH 17 en Ukraine. Si la zone du crash est effectivement particulièrement sensible malgré l’intervention de l’armée française dans le nord du pays, les groupes terroristes présents dans ce secteur ne semblent pas équipés pour réaliser un tel tir. Ils disposent principalement d’armes tirées à l’épaule, comme des lance-roquettes. Le secrétaire d’Etat aux transports a donc jugé « improbable et impossible » une telle hypothèse.
Les autres pistes
Le président de la République s’est, lui, montré plus prudent que certains de ces ministres concernant les causes du crash. « Nous n’écartons aucune hypothèse » expliquait le chef de l’Etat. D’autant que certains spécialistes jugent « peu probable » que les orages aient pu provoquer le crash. « Lorsqu’un avion est vraiment frappé par la foudre, les risques sont infimes qu’il soit abattu, il y a eu quelques exemples dans l’histoire, mais c’est extrêmement rare », indiquait Robert Galan, ancien commandant de bord chez Air France. « En général, il n’y a même pas de dégâts […] et puis quand il y a des dégâts, ils sont mineurs », poursuivait-il. Des « problèmes cumulatifs » pourraient donc être venus s’ajouter aux conditions de vol difficiles.
Une panne, par exemple, a été évoquée. L’appareil, un McDonnell MD-83, est relativement vieux (18 ans). Cependant, « l’avion a été inspecté il y a deux ou trois jours » et était donc « en bon état ». Si « une panne fortuite » ne peut être exclue, elle ne semblait pas prévisible. En revanche, des témoignages rapportés par certains médias sur place évoquent un avion « en feu » au moment de sa chute. Si cela ne peut être confirmé, l’hypothèse d’un incendie à bord de l’appareil ne semble pas inenvisageable.
Les boites noires vont donner des réponses
Autre piste : l’erreur de pilotage. Dans des conditions aussi difficiles, les pilotes ont pu réaliser une faute humaine. Cependant, Patrick Gandil, directeur général de l’aviation civile, a souligné que la compagnie espagnole Swiftair, qui avait affrété l’avion, est reconnue pour son sérieux. Les boites noires, dont l’une a été retrouvée par les soldats français, devraient permettre de déterminer s’il y a eu ou non, une erreur de pilotage. L’une des boites noires enregistrent en effet les discussions entre les membres d’équipage. L’autre boite noire, enregistre les données techniques du vol.
Une dernière piste ne peut être exclue. Il s’agit de l’acte terroriste. Comme évoqué précédemment, le cas d’une explosion en plein vol, est pour le moment peu probable. Reste donc l’hypothèse d’un détournement de l’avion, qui aurait mal tourné. Cependant, là encore, le gouvernement ne privilégie pas cette hypothèse. D’abord, parce que les groupes présents dans cette région ne sont ni organisés, ni suffisamment armés pour mener une telle attaque. Par ailleurs, aucun groupe terroriste, comme Boko Haram, très présent au nord du Mali, n’a revendiquée une éventuelle attaque. Là encore, les boites noires devraient permettre d’infirmer cette hypothèse.