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La fréquentation des colonies de vacances en très nette baisse

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - Telomi


Le gouvernement réfléchit actuellement à des solutions pour redonner envie aux familles de placer leurs enfants en colonies de vacances, dont la fréquentation a été divisée par deux en l’espace de quinze ans. En cause notamment, des séjours de plus en plus chers.

La fréquentation des colonies de vacances est en singulière baisse depuis 1995. A cette époque, ce sont 14 % des 5-19 ans qui partaient dans ces séjours pour atteindre seulement 7,5 % en 2011. Pour Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, la situation est « extrêmement préoccupante ». Elle a ainsi présenté en juin au Sénat un plan de soutien aux colonies de vacances. Il s’agit notamment de simplifier « les contraintes réglementaires qui pèsent sur les organisateurs de séjours collectifs », ainsi que « l'organisation des voyages en train pour les groupes », mais aussi « réorienter les moyens aujourd'hui consacrés à l'aide aux vacances en direction des colonies de vacances ».

Des pris de plus en plus chers


Les premières mesures de ce plan sont supposées voir le jour dès cet été. Entre les Etat, les collectivités locales et les organisateurs de séjour, les concertations ont été suspendues mais elles doivent reprendre pour les grandes vacances a ainsi indiqué le ministère. Car cela fait désormais plusieurs mois que les pouvoirs publics sont inquiets quant à l’avenir des colonies de vacances. L’année passée, un rapport parlementaire sur « l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs », dirigé par Michel Ménard, député socialiste de Loire-Atlantique, a pointé du doigt la baisse de fréquentation des séjours dits « non spécifiques ». Pour le rapporteur,  « cette désaffection peut être attribuée à une évolution de la société, les parents étant désormais moins enclins à laisser leurs jeunes partir, mais aussi, et surtout, au coût de séjour trop élevé pour de nombreuses familles. » Ce n’est toutefois pas le cas des séjours thématiques ou à l'étranger qui ont toujours la cote auprès des familles.


Reste que les prix restent prohibitifs pour une majorité de familles. Le prix d’une semaine de vacances en colonie est compris entre 400 et 600 euros en moyenne par enfant. Anne Carayon, directrice de la Jeunesse au plein air (JPA), un réseau d’organisateurs de séjours, explique que « beaucoup de Français, même avec des aides, ne peuvent plus faire ce choix. » Même son de cloche chez Aoréven, réseau d’associations organisant des séjours depuis soixante ans. « Les séjours coûtent de plus en plus cher car la réglementation est de plus en plus lourde que ce soit pour les activités, l'encadrement ou les transports ». Sans compter que les comités d'entreprises, principaux soutiens financiers aux séjours, « sont moins nombreux ». Quant aux municipalités, elles doivent établir un arbitrage budgétaire avec la réforme des rythmes scolaires, mais « les enveloppes ne sont pas extensibles », déplore Aroéven.


Trois millions de jeunes ne partiront pas en vacances cet été

Au final, le coût moyen d’une journée en colonie est de 63 euros et de 35 euros en centre de loisirs. Les « mini-camps » organisés dans les centres de loisir ont ainsi connu un bel essor puisqu’en 2007 et 2012, leur nombre a augmenté de près de 40 %. La désaffection des classes moyennes, qui ne perçoivent aucune subvention des caisses d’allocations familiales (CAF), est aussi un problème : « L'État a progressivement réorienté ses aides au départ en vacances vers les centres de loisirs, qui sont très utiles, mais qui n'assurent pas la même mixité sociale: les enfants restent dans leurs quartiers, avec leurs voisins, dans le même environnement, et sont moins susceptibles de rencontrer d'autres jeunes », regrette Michel Ménard.


Les séjours classiques doivent ainsi faire concurrence avec deux secteurs : l’un associatif et caritatif, qui concerne majoritairement les milieux défavorisés, et l’autre commercial, comprenant des séjours spécialisés proposant un certain nombre d’activités, destinés principalement aux classes plus aisées.  « L'absence des enfants des classes populaires et moyennes entraîne non seulement une stagnation voire une baisse de la fréquentation mais aussi une segmentation sociale de plus en plus marquée des séjours ». Cet été, ce ne sont pas moins de trois millions de jeunes âgés de 5 à 19 ans qui ne partiront pas en vacances.