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Vincent Lambert : la Cour européenne ordonne son maintien en vie

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Mathieu Nivelles - flickr


Ultime rebondissement dans l’affaire Vincent Lambert. Quelques heures après la décision du Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, d’arrêter les soins sur ce patient tétraplégique, la Cour européenne a ordonné en urgence son maintien en vie le temps d’examiner ce dossier.

Du soulagement à la désillusion pour son épouse. De la frayeur à l’espoir pour ses parents. Hier, les proches de Vincent Lambert, qui se déchirent sur son maintien en vie ou non, sont passés par tous les états. Le Conseil d’Etat, s’est d’abord prononcé pour l’arrêt des soins sur ce patient, tétraplégique depuis 6 ans, annulant un verdict contraire du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en janvier. Mais quelques heures à peine après cette décision, la cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a demandé en urgence son maintien en vie.

Un dossier prioritaire mais sans délai

La CEDH, saisie lundi par les parents de Vincent Lambert, s’appuie sur l’article 39 de son règlement qui prévoit la possibilité pour la plus haute juridiction européenne la possibilité d’imposer aux Etats des mesures urgentes et provisoires, « à titre exceptionnel, lorsque les requérants seraient exposés – en l’absence de telles mesures – à un risque réel de dommages graves et irréversibles ». Ce contre-pied, aussi rapide qu’inattendu suspend donc la décision du Conseil d’Etat le temps de l’examen du dossier sur le fond. De tels travaux prennent généralement plusieurs années devant la CEDH, qui a toutefois indiqué que ce dossier « serait traité en priorité » sans préciser de délai.

Une famille déchirée

Quoi qu’il en soit, cette décision de la cour européenne est un nouveau rebondissement dans un feuilleton qui dure depuis plusieurs années et qui voit deux camps s’opposer. D’un côté la femme de Vincent Lambert, soutenue par l’équipe médicale du CHU de Reims où est hospitalisé son époux, six frères et sœurs et un neveu, qui réclame l’arrêt des soins comme l’aurez souhaité son mari. De l’autre les parents de Vincent Lambert, des catholiques traditionalistes, ainsi qu’un frère et une sœur qui, eux, souhaitent le maintien en vie de leur fils.

Des décisions de justice contradictoires

Les médecins du patient, en état de conscience minimal depuis un accident de moto survenu en 2008, avaient d’abord entamé l’arrêt des soins avant que le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, saisi par les parents, ordonne de réhydrater le patient. L’épouse et le corps médical ont alors saisi le Conseil d’Etat, dont le rapporteur public s’était prononcé pour l’arrêt des soins en s’appuyant sur une nouvelle expertise concluant à un « état végétatif » et au caractère « irréversible » des lésions du patient. Lorsque les 17 juges du Conseil d’Etat ont rendu leur verdict, le médecin de Vincent Lambert, le docteur Éric Kariger, avait prévenu que si la CEDH suspendait sa décision, ce serait « le délai de trop » pour son équipe. « J’espère que la procédure va aller vite car la souffrance de Vincent est constante et croissante », soulignait-il après l’ultime rebondissement. Les parents, eux, ont fait part de leur « grand soulagement ».