Dr Monchicourt : Oui, j'ai des patients atteints de grippe A
Publié le Par Paris Dépêches
Grippe A, virus H1N1, vaccin, angoisse, campagne de communication lancée par le gouvernement… Le médecin généraliste parisien Dominique Monchicourt a accepté de répondre à nos questions.
Dr Monchicourt : Oui. On voit des syndromes grippaux, mais on ne fait pas de diagnostics de grippe A car nous n’effectuons pas de prélèvements pour confirmer que nous sommes bien en présence de H1N1. Cependant, cliniquement, c’est pratiquement sûr que ce sont des grippes A.
A l’heure actuelle, le vaccin n’est pas obligatoire. Qu’en pensez-vous ? Faudrait-il traiter l’ensemble de la population ?
Oui, bien sûr. En France, on vaccinera les professions de santé, les enfants et les femmes enceintes. Mais cela peut changer d’ici la mi-octobre quand les vaccins seront disponibles. Tout va dépendre de la quantité de doses disponibles. La pression se fera en fonction de l’évolution de l’épidémie. Ce que l’on sait pour le moment, c’est qu’il y aura deux injections. Les vaccins sont en train d’être mis au point par l’industrie pharmaceutique. Il faut aller très vite car la demande mondiale est extrêmement forte.
Mais le virus peut muter. Comment savoir si ce vaccin sera encore efficace dans six mois ?
Effectivement, la certitude absolue n’existe pas mais il y a tout lieu de penser qu’il le sera.
La grippe A peut-elle être mortelle ?
Les grippes qui s’aggravent, et qui sont mortelles, sont des grippes qui se compliquent par des surinfections ou des insuffisances respiratoires aiguës dues à une proéminence virale excessive. C’est ce qui s’est passé pour la grippe espagnole au début du XXème siècle.
Mais pour le moment, ce n’est pas le cas : ce n’est pas ce que nous percevons, nous, médecins, dans nos cabinets. Cela fait maintenant 35 ans que je soigne des grippes tous les ans… Cette année, comme les autres.
En tant que médecin, quelles sont vos sources d’informations ?
Les journaux comme tout le monde. La DASS (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales) nous informe aussi régulièrement. Mais le problème ne réside pas dans un déficit d’informations mais dans un excès d’informations.
Sommes-nous submergés ?
Non, bien sûr que non. C’est trop pour petite grippe qui dure deux ou trois jours. Mais si, dans quatre ou six mois nous assistons à une mutation du virus, alors nous aurons effectué le travail de prévention nécessaire.
Mais il est vrai que nous sommes parfois confrontés à de "l’information désinformée exaspérante". Ainsi, certains journaux titrent "Décès, c’est peut-être la grippe A"… C’est une grippe A ou non ? On ne sait pas… Cela empêche de prendre le recul nécessaire.
Ce qui est sûr, c’est que toutes les mesures de santé publique prises aujourd'hui peuvent diminuer l’épidémie, mais en aucun cas la stopper.
Peut-on parler de paranoïa autour de la grippe A ?
Non, les gens ne sont pas spécialement inquiets pour le moment… Mais vous savez, les phénomènes de psychose collective sont difficiles à prévoir.
Propos recueillis mercredi 2 septembre au cabinet du Docteur Dominique Monchicourt dans le sixième arrondissement de Paris.