Le fondateur du Samu Social, Xavier Emmanuelli démissionne
Publié le Par Florie Valsot
Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu Social de Paris en 1993 démissionne. Le départ du père de l’association n’est pas anodin et dénonce la politique du gouvernement.
Le Samu social de Paris est une structure d’aide d’urgence destinée aux personnes sans-abri financé à 92% par l’Etat. Le père fondateur Xavier Emmanuelli du Samu social démissionne car la situation budgétaire « n’est plus gérable », dit-il. Au mois de mai, l’Etat va réduire de manière drastique les budgets : moyens attribués à l’hébergement d’urgence.
« Le gouvernement ne comprend pas ce qu’est l’urgence sociale »
Xavier Emmanuelli, l’ancien secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire d’urgence de 1995 à 1997, âgé de 72 ans, est indigné. Il précise que « l’urgence sociale, personne n’y croit, ça appartient aux petits hommes gris, comme disait Nietzsche. Les technos, les mecs qui pensent structure, budget, et pas souci de l’autre (…) C’est comme dans le dessin animé de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu’il pète. On est dans le ‘ce n’est pas moi, c’est toi’ : c’est du ressort de l’Etat, non, c’est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n’ont pas les mêmes objectifs, c’est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux. Je me suis battu toute ma vie, je ne veux pas couvrir ça (…) Quand vous êtes dans la gestion, dans un rapport de force, ce n’est plus possible ». Le financement de l’hébergement en hôtel du Samu social est passé de 110 millions d'euros en 2010 à 90 millions d’euros cette année. Au quotidien, le Samu social accueille 21 000 personnes seules ou en famille, déclare Stefania Parigi, directrice générale du Samu social de Paris. La situation des familles s'est fortement dégradée en 10 ans : en 1999 15% des hébergements d'urgence concernaient des familles, aujourd'hui le taux est de 75%.
Voir : www.mleray.info/article-le-samu-social-menace-par-une-coupe-budgetaire-de-25-78765359.html
Xavier Emmanuelli, étant également le Cofondateur de Médecins sans frontières et président du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, explique que les associations savent gérer l’argent « plus que limité » qui leur est confié. Les associations ne seraient pas sans les plus démunis et les actions pour lesquelles elles s’investissent profitent « autant aux plus fragiles qu’à leur environnement : un bon accompagnement est page d’une intégration sociale réussie, quel que soit le profil de la personne exclue ».
« Le Samu social de Paris, avec la coordination du 115 est en danger », précise Xavier Emmanuelli. Le numéro national d’urgence et d’accueil des sans-abris est accessible 24h/24, le 115 de Paris reçoit actuellement plus de 1 000 appels par jours.
Révolté par la situation et la décision du gouvernement, il décide de fermer le 30 juin son seul centre d’hébergement d’urgence parisien accueillant des femmes (Yves-Garel, dans le 11e arrondissement).