L'air des crèches est-il si mauvais ?
Publié le Par Paris Dépêches
D'après la mairie de Paris, "la qualité de l’air intérieur des établissements d’accueil de la petite enfance est une préoccupation constante de la municipalité"... Pourquoi ? On respire mal dans les crèches parisiennes ? Réponses de l'adjoint au maire en charge de la petite enfance, Christophe Najdovski.
Parisdépêches.fr : En mars, vous vous engagiez à poursuivre vos efforts pour améliorer la qualité de l'air dans les crèches... Les enfants risquent-ils quelque chose ?
Christophe Najdovski : Selon les résultats d’une enquête épidémiologique réalisée par la Ville de Paris relative aux relations entre facteurs environnementaux et pathologies respiratoires, l’air respiré dans les crèches est moins pollué que l’air respiré dans les logements.
Il y a toutefois une focalisation légitime sur l’air respiré dans les crèches car cela concerne en premier lieu les tout-petits qui sont les plus vulnérables avec les personnes âgées. La pollution de l’air intérieur est quoiqu’il en soit un véritable problème auquel il convient d’apporter des solutions.
Y a t-il encore aujourd'hui des crèches "moins bien notées" que d'autres ?
La pollution de l’air intérieur dépend de plusieurs facteurs : la ventilation des bâtiments, la pollution de l’air extérieur et la présence de polluants intérieurs pouvant être issus de matériaux de construction, du mobilier, de jouets ou de produits d’entretien.
Certaines crèches de constructions anciennes et situées le long d’axes de circulation assez importants sont donc plus polluées que des crèches donnant sur des cours intérieures.
De même, pour les crèches qui ont été construites avec des matériaux contenant des polluants de type aldéhydes ou hydrocarbures, la pollution de l’air intérieur y est plus importante que dans les crèches récentes.
Comment allez-vous combattre, concrètement, la mauvaise qualité de l'air ?
La collectivité parisienne a engagé le secteur de la petite enfance dans une démarche de haute qualité environnementale (HQE), en évitant les sites à proximité des grands axes de circulation, en concevant des crèches favorisant la ventilation naturelle et en écartant autant que possible de la construction, de l’achat de mobilier, de jouets et de l’entretien, les matériaux pouvant engendrer des émissions chimiques.
L’application du règlement européen REACH sera l’occasion pour la Ville de répertorier ces matériaux et produits. Néanmoins, la vérification des normes reste tributaire de l’étiquetage des matériaux de construction qui ne sera rendu obligatoire qu’à partir de 2012 (Grenelle 2).
En outre, la Ville de Paris mène une vaste enquête épidémiologique, qui porte sur une cohorte de 4 000 enfants, de la naissance à l’âge de 6 ans, pour déterminer les relations entre les facteurs environnementaux à domicile et dans les crèches et les pathologies respiratoires et allergiques. Après une première étude menée en 2002 dans quinze établissements, le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris, est donc en train de mener une seconde campagne de mesures de la qualité de l’air dans une trentaine de crèches parisiennes.
A l’issue de cette étude, et en fonction de ses résultats, il pourrait s’avérer souhaitable d’élargir cette campagne de mesures à d’autres crèches pour parvenir à un panel encore plus représentatif. Une campagne de mesure dans les établissements scolaires (maternelles et primaires) est par ailleurs en cours d’élaboration et pourra rapidement être mise en œuvre.