L'avocat Juan Branco accusé de viol
Publié le Par Fabrice Bluszez
L'avocat Juan Branco raconte sur Facebook avoir été surpris, « blessé » par la décision d'une femme rencontrée à Paris. Après avoir passé une nuit chez lui, elle a déposé une main courante au commissariat.
Le récit de Juan Branco (une rencontre au jardin du Luxembourg, une nuit passée ensemble) est tout simple et on voit mal comment qualifier ces faits de viol. Mais là-dessus, la justice tranchera. LeParisien s'avance cependant en titrant « Juan Branco visé par une enquête pour viol »...
Proche de la France Insoumise et volontiers bretteur sur les plateaux télés, il fait l’objet depuis plusieurs mois d’une procédure disciplinaire devant l’ordre des avocats de Paris pour « manquement ». Mais la procédure qui le vise aujourd’hui est considérablement plus grave.
Voici le texte publié par Juan Branco sur son compte Facebook...
« Mardi, j'ai rencontré une jeune femme, qui m'avait écrit sur Instagram, avec qui nous avons passé l'après-midi en marchant, en flânant dans le jardin du Luxembourg, dans les rues, en parlant. Une femme belle, intéressante, qui me racontait des mondes que je ne connaissais pas.
Nous avons ainsi passé un temps sous le soleil, je l'ai raccompagnée au métro au moment du couvre feu, place Saint-Placide. Elle trainait un peu des pieds, m'a demandé dans quel sens je repartais. Elle m'a alors regardé, un sourire partagé. Nous nous sommes quittés, et je souriais, je crois.
Je lui ai réécrit peu après afin de m'excuser d'avoir dû partir, en lui indiquant que si elle le souhaitait, nous pouvions nous revoir. Elle a relevé le gant, et est venue me voir. Nous avons, un peu illégalement, installé deux chaises devant la Seine, je lui ai fait une tisane et elle a goûté une bière qu'elle n'a pas aimé. Les voisins passaient, certains un peu loufoques, "cherchant la lune", d'autres baladant leurs chiens. Mon chat était là, dehors lui-aussi, les gens nous regardaient.
Il faisait froid, nous sommes rentrés. Nous parlions, riions, nous regardions. Elle n'avait plus de batterie, j'avais un vieux cable qui ne fonctionnait plus trop, nous essayions de le recharger. Je ne sais pas qui a eu l'idée, mais nous nous sommes décidés à voir un film. Elle voulait une comédie, moi un film sérieux. Nous avons installé le projecteur sur le lit. Elle m'a proposé les Tuches, m'a montré des bandes-annonces sur un site de streaming, je l'ai regardé sévère, on a rit. On a tenté la cité de la peur, elle m'a regardé sévère, on a fini par lancer Snake Eyes, puis Le Mépris.
Nous étions côte à côte, elle m'a donné sa main, je l'ai longtemps tenue. Nous avons commencé à nous embrasser. Cela allait et venait. On ne savait pas trop, on se provoquait, on se refusait puis recommençait.
Nous avons beaucoup hésité, j'avais envie d'elle, elle aussi, on se l'est dit, plusieurs fois, et à un moment, je lui ai demandé si elle voulait, et elle m'a dit oui, et nous avons fait ce que deux personnes en ces circonstances feraient.
Il était tard dans la nuit, nous nous regardions et nous recherchions, nous demandions ce que nous en pensions. Lorsque cela s'est fini, nous avons laissé le film, et nous nous sommes endormis.
Nous avons passé la nuit collés, collés comme deux enfants, et le matin, alors que je devais assister à une réunion, je me suis levé. Elle l'a fait peu après, et juste avant que mon appel commence, elle m'a embrassé, sur le visage, sur les lèvres, m'a sourit, et est partie.
Elle avait oublié ses lunettes, son chargeur qui ne marchait pas. Elle m'a écrit et je lui ai dit qu'elle pouvait les chercher quand elle le voudrait.
Le soir, elle est repassée me voir, elle était froide et troublée. Elle m'a dit que c'était allé trop vite, que ça ne lui était jamais arrivé, que d'habitude c'était elle qui était entreprenante, et que moi je l'avais pas été. Elle a commencé à dessiner des comparaisons qui m'ont blessé. Je ne comprenais pas, je lui ai dit ma blessure de l'entendre me dire ces mots, lui ai rappelé tout ce que je viens de vous écrire, que nous nous désirions, que nous n'avions cessé de parler, qu'il n'y avait eu nulle contrainte, que si elle s'était sentie mal, nous aurions immédiatement tout arrêté. Elle acquiesçait, elle se disait rassurée que je lui dise cela. Elle m'a dit alors, alors que je lui demandais, qu'elle n'avait couché qu'avec deux garçons. J'ai été désemparé, et j'ai compris que la chose avait été peut-être, pour elle, plus important que je ne le croyais. Elle s'est excusé, m'a dit qu'elle comprenait que je ne l'ai pas compris.
Elle m'a alors dit qu'elle était allée à la police le lendemain. Qu'elle avait déposé une main courante, car deux amies à qui elle avait parlé le lui avaient suggéré.
Je l'ai regardée sans comprendre et sans rien dire. Pour moi. Elle s'est à nouveau excusée, si je pensais qu'elle pouvait encore la retirer, que le policier n'avait pas l'air de vouloir me faire du mal.
Elle m'a demandé si on pourrait tout de même rester en contact.
J'étais blessé, blessé de ne pas comprendre, de voir la personne en face de moi faire de notre rencontre en faire cela.
Je lui ai dit ce qu'elle savait et prétendait ignorer : que c'était moi, qu'elle le savait, et qu'elle savait très bien ce qui se passerait.
Elle a voulu me parler de corrida, m'a demandé ce que je pensais du droit des animaux. Un taxi est arrivé.
Ce matin, un journaliste du Parisien m'a appelé. Une enquête pénale pour viol avait été ouverte contre moi, ils allaient publier.
Je lui ai dit ce que je viens d'écrire. J'ai raccroché. J'ai prévenu ma mère. Mes amis. Ceux avec qui je travaille depuis des années pour tenter, de la Méditerranée aux gilets jaunes, de construire quelque chose qui nous amène quelque part.
Et puis j'ai pleuré. Pleuré de voir que ce qu'il me restait, m'était, comme cela devait arriver, comme cela m'avait tant de fois été annoncé, après tout ce que déjà, goutte après goutte, on m'avait arraché, sur le point d'être retiré.
Et que je deviendrais un poids, un de ces lourds poids pour tous ceux que j'avais voulu aider.
Je suis désolé. »
On notera qu'une main courante n'est pas une plainte pour viol. Si dans les années 70, il était de bon ton même pour une personne publique, d'avoir une sexualité, dans les années 20, pour salir une personne publique qu'on a rencontrée, il est d'usage de l'accuser d'élan sexuel ou sexiste. Patrick Poivre d'Arvor, Gérard Depardieu, par exemple, ont eu ce souci. La justice se rend ici devant les réseaux sociaux plutôt que devant le tribunal.