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Motos, autos : une manif de trop ?

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © Stéphane Colonna


Les motards et les possesseurs d'autos anciennes ont manifesté ensemble dans Paris le dimanche 17 avril. Avaient-ils raison de s'allier ?

Deux manifestations en une, dimanche 17 avril, dans Paris  : les motards et les autos anciennes.

Une contre le contrôle technique imposé à la revente d'un deux-roues motorisé, menée par la Fédération des motards en colère (FFMC).

Une contre les mesures anti-pollution de la Ville de Paris qui veut imposer des pastilles de couleur sur les véhicules et s'en servir pour interdire l'accès en cas de pic de pollution

 

Premier cas : la manifestation des Motards en colère, environ 10.000 motos dans les rues de Paris, encadrées par un service de sécurité expérimenté. Même scénario dans les grandes villes de France : « 50.000 motards », dit la FFMC. Le défilé est ritualisé : coups d'accélérateur, musique (rock de préférence) et au départ ou à l'arrivée, tribune et discours.

 

Les motos étaient exemptées de contrôle technique mais la « menace » réapparaît. Pas tous les deux ans, comme les autres véhicules, mais uniquement à la revente, le document devenant indispensable pour demander une nouvelle immatriculation.
 

Les motards étaient 50.000 dans 70 rassemblements, selon la FFMC.

 

Résultat nul selon Moto Magazine, qui relève  les propos du délégué à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, sur TF1, le soir-même :

« On ne peut pas penser que le sérieux d’une poignée de passionnés puisse s’étendre à un parc de plus de 3 millions d’utilisateurs et 600 000 ventes par an, et nous allons mettre en place ce CT car il est nécessaire… »

 

Deuxième cas : la manifestation des possesseurs d'autos anciennes : ils étaient environ 200 à manifester avec le cortège de motards.


La Mairie de Paris a décidé d'interdire la circulation aux véhicules polluants dans la capitale en semaine de 8 heures à 20 heures (êtes-vous concerné ? La réponse est ici). 

Un système de pastilles (vert, violet, jaune, orange) sera instauré selon la norme Euro (2,3,4,5,6) correspondant au type de véhicule (selon le type de moteur et le niveau de pollution). On en verra le schéma ci-dessous. Problème : la norme s'applique sur les voitures à partir de 1997. Toutes les autos immatriculées avant le 1er janvier 1997 seront donc interdites de circulation (sauf le week-end). 
 


Les motos anciennes aussi ? Au 1er juillet 2016, les motos antérieures au 1er juin 2000 n'auront plus accès à la capitale, sauf le week-end. Sans système de pastilles, juste la date.
 

L'affaire ne concerne pas que les collectionneurs. D'abord, certains amateurs n'entretiennent et n'assurent qu'une voiture. Ensuite, avec 3,5 millions de chômeurs et autant de pauvres et de précaires, beaucoup de conducteurs se tournent vers des véhicules anciens, à bas prix, qui suffisent à leurs petits déplacements quotidiens, toute la semaine, évidemment. Leur interdire de circuler dans Paris en semaine, c'est leur interdire d'aller à leur travail...
 

Une mesure technocratique


Pour les motards, Jean-Marc Belotti, de la FFMC, déclare :

« Nous avons prévu des recours juridiques contre la Ville de Paris et, si rien ne marche, nous appellerons les deux-roues à la désobéissance civile. C’est-à-dire à continuer à rouler malgré les interdictions. »


Beaucoup de motards n'auront pas le choix et tenteront de rouler. Les conducteurs d'autos anciennes, y compris "youngtimers", toutes les voitures des années 70/90, passeront moins facilement inaperçus...
 


Il est prévu aussi un recours juridique. Pourquoi ? Parce que cette interdiction a tous les aspects d'une mesure technocratique : elle fonde son évaluation d'un côté sur une pastille correspondant à une norme sur le taux de pollution, de l'autre sur la date d'immatriculation de l'autre. A priori, ce n'est pas juste : une petite 2CV pollue-t-elle autant qu'un gros 4x4 ? C'et la question que pose cette affichette (photo Yves Vesco).

Semblant discriminer des moteurs, elle discrimine les gens qui les conduisent. Si la Mairie de Paris ignore l'aspect social de la mesure, la justice, elle, peut estimer qu'il n'y a pas respect de l'égalité entre citoyens.
 

Certains amateurs d'autos anciennes ont un petit budget (photo Stéphane Colonna).


Si on parle pollution, on ne peut interdire les véhicules anciens juste sur leur date d'immatriculation. Cela semble fait dans l'intérêt des vendeurs de voitures et motos neuves ou occasions récentes, avec pastille donc.


 

La justice, dans cette affaire, ce serait une distinction purement technique, fondée uniquement sur le taux de pollution du véhicule.

Pour cela, il y a un moyen : le contrôle technique.
Contre lequel, justement, manifeste la FFMC... Et les amateurs d'autos et de motos anciennes avec eux...