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La prison de la Santé vidée pour 5 ans de rénovation

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Wikimedia


La mythique prison parisienne vient de débuter une phase de rénovation qui durera 5 ans. Quasiment tous ses prisonniers, ont été transférés dans les autres maisons de détention d’Ile-de-France. Cette remise en état fait partie des grands chantiers pénitentiaires lancés par Christiane Taubira.

Elle a accueilli de nombreuses personnalités, plus ou moins sulfureuses, et pour des périodes de détention plus ou moins longues. Du terroriste Carlos, à l’homme d’affaires Bernard Tapie en passant par les rappeurs Booba ou Joey Starr, dont certains étaient détenus dans le "carré VIP". La prison de la Santé, qui a également été le théâtre d’évasion spectaculaire comme celle de Jacques Mesrine en 1978, vient de se vider de tous ses occupants, ou presque. Seuls 80 détenus en semi-liberté resteront présents dans l’enceinte durant les travaux de rénovation. La prison restera partiellement fermée jusqu’en 2019.

Etat de « vétusté avancé »

Construite entre 1861 et 1867, la prison située au 42, rue de la Santé à l’est du quartier Montparnasse (14ème arrondissement), fait partie d’un grand chantier, lancé par la garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a pour but de moderniser plusieurs établissements, avec les Baumettes à Marseille et Fleury-Mérogis dans l’Essonne. Pour cela, le ministère de la Justice a débloqué 800 millions d’euros.
 

La prison de la Santé est présentée comme étant en état de « vétusté avancé » par la Chancellerie. Le coordinateur pour l’Ile-de-France de l’Observatoire international des prisons (OIP), François Bès, indiquant à France 3 Ile-de-France que l’enceinte « était dans un tel état de décrépitude qu’il fallait absolument rénover ». Un témoignage conforté par un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, publié en 2012, qui soulignait que la dégradation affectait « les murs, souvent décrépis et humides, les sols au revêtement défaillant ou absent, les sanitaires, la fermeture défectueuse des fenêtres, la température ambiante… » A ce titre, plusieurs blocs ont déjà été fermés depuis 2006.

Conserver « l’esprit » de la prison

L’unique prison de Paris intra-muros sera donc remise à neuf d’ici 5 ans même si les travaux dont elle bénéficiera n’ont pas encore été précisés. « L’idée est d’offrir davantage de dignité aux détenus en conservant la proximité humaine d’un établissement implanté au cœur de la ville », explique le ministère, qui précise que « le projet sera rendu public après la signature du contrat d’ici la fin de l’année 2014 ».
 

Pourtant, cette rénovation a amené son lot d’inquiétudes. Des observateurs s’inquiétaient que le transfert des 621 détenus de la Santé (au 1er janvier) n’aggrave la surpopulation carcérale dans les autres établissements d’Ile-de-France. De plus, du côté des détenus, même si cela parait difficile à imaginer vu de l’extérieur, la prison de la Santé était réputée pour être plus souple que d’autres établissements comme à Fresnes par exemple. « C’est paradoxal  parce qu’elle était très ancienne, très vétuste, mais c’est vrai que les détenus y retrouvaient une forme d’humanité dans les relations avec le personnel pénitentiaire notamment », explique l’avocat Me Francis Vuillemin, dont plusieurs clients y ont été incarcérés. De plus, le transfert des détenus dans d’autres établissements sont souvent vécus avec appréhension car elle peut faire naître des conflits avec les prisonniers déjà sur place.
 

Déjà, plusieurs avocats, dont Me Francis Vuillemin, ont fait part de leur désir de voir demeurer, après les travaux, « l’esprit de cette prison, cet esprit particulier, unique ». En somme, changer les murs mais conserver l’âme.