L’université Paris-Dauphine opte bel et bien pour la sélection
Publié le Par Raphaël Didio
Paris-Dauphine poursuit sa métamorphose. Après être devenu un grand établissement en 2004 lui permettant de sélectionner ses étudiants, l’université est désormais obligée de modifier la dénomination des diplômes de licence qu’elle délivre.
C’est mardi 15 juillet qu’un conseil d’administration de l’université Paris-Dauphine a décidé de voter le passage des diplômes nationaux de licence délivrés en diplômes dérogatoires de grade licence pour ses formations en premier cycle. En effet, l’université sélectionne depuis 2004 ses étudiants en première année de licence. A l’issue des deux premières années, ils entrent ensuite en L3 pour obtenir un diplôme national, une licence de troisième année appelée licence suspendue.
Aucun impact pour les élèves
Pourtant, la délivrance de diplômes nationaux de licence et la sélection à l'entrée des parcours de premier cycle avait été jugé incompatible d’après le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) du 26 mai dernier. « Le ministère nous a dit que nous n'avions qu'à transformer nos licences nationales en licences d'établissement donnant le grade de licence », explique au Monde Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine. Dans le contrat quinquennal signé avec le ministère de l’enseignement supérieur, on peut ainsi découvrir un petit passage qui permettra à l’université de mettre sa politique en place : « L'université déposera à la Dgesip [direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle] un dossier de demande de reconnaissance de grade de licence pour ses diplômes d'établissement de premier cycle à compter de la rentrée 2015. »
Mais va-t-il y avoir un quelconque impact pour les élèves ? « Rien, assure Laurent Batsch. Les étudiants pourront sans problème faire valoir leur diplôme de grade licence pour entrer en master. » D’après l’article 613-1 du code de l’éducation, « les diplômes nationaux délivrés par les établissements sont ceux qui confèrent l'un des grades ou titres universitaires dont la liste est établie par décret pris sur avis du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche. » Les diplômes « qui confèrent le grade » ont la même qualité que les « diplômes nationaux », mais n’ont pas la même contrainte de non-sélection.
Le coût de l'inscription largement revu à la hausse
« Toute cette affaire vient du fait que nous avons été mis en demeure de renoncer à la sélection par le Cneser. Cela nous a donc obligé à choisir entre la sélection ou modifier l'appellation de nos diplômes. Nous avons choisi », précise Laurent Batsch. L’UNEF-Dauphine est toutefois soucieux quant à une possible envolée des droits d’inscription. « Après l'introduction des frais progressifs liés aux revenus des familles pour de nombreux diplômes d'établissement de niveau master dès 2010 et leur augmentation significative en mars, la direction de l'établissement poursuit dans sa volonté de s'éloigner du modèle universitaire pour se rapprocher de celui d'école de commerce en imposant des diplômes aux coûts très élevés, dès le premier cycle d'études », a écrit le syndicat étudiant dans un communiqué.
L’UNEF-Dauphine a ainsi promis de rester « vigilant » afin que ces modifications ne se « traduisent pas pour les étudiants par une augmentation du coût de leur scolarité, ni par l'introduction des mêmes barèmes progressifs que ceux appliqués aux masters de Paris-Dauphine ». Actuellement, les frais d’inscription en licence s’élèvent à 520 euros contre 184 euros pour les autres universités. « Ce sont les départements concernés [gestion, mathématiques informatique] qui décideront d'augmenter ou pas », explique Laurent Batsch.