Législatives : la gauche se dispute Montreuil (93).
Publié le Par Jennifer Declémy
Le soutien apporté par Dominique Voynet au candidat socialiste de la circonscription de Montreuil-Bagnolet avive les tensions à gauche et pourrait perturber le second tour des élections législatives.
Seule ville de plus de 100 000 habitants dirigée par une écologiste, la ville de Montreuil connait actuellement des tensions à gauche, avec deux candidats qui se disputent le poste de député pour la législature 2012-2017 : pour le Parti Socialiste, le jeune Razzy Hammadi, et pour le Front de Gauche, le député sortant, Jean-Pierre Brard. Jusqu’ici rien de bien folichon, sauf que le soutien apporté par la maire écolo Dominique Voynet au candidat socialiste, vient mettre un peu de piment dans une circonscription ancrée à gauche, mais où la droite voudrait venir jouer les trouble-fêtes.
Jusqu’à récemment, l’écolo maintenait le suspense sur une possible candidature de sa part dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, mais le faible score d’Eva Joly au premier tour (4% des suffrages) contre celui de Jean-Luc Mélenchon qui fit six fois plus vint doucher les enthousiasmes déjà mesurés de Dominique Voynet qui connait actuellement de fortes tensions dans son équipe municipale, et se retrouve mise en danger pour les municipales de 2014.
Si jusque-là les choses paraissent simples, en fait, elles ne le sont pas du tout. En 2008, Dominique Voynet avait ravi la municipalité de Montreuil à Jean-Pierre Brard, d’où les rancoeurs existants actuellement entre ces deux personnalités. Mais la situation s’est encore plus aggravée quand, contre la ligne officielle de son parti, la maire écolo a apporté son soutien à la candidature socialiste de Razzy Hammadi. En effet, pour Europe Ecologie la consigne était claire : contre un député Front de Gauche sortant, les verts ne soutiendraient pas un candidat du PS.
Bravant l’interdit pour espérer barrer la route à Jean-Pierre Brard en 2014, Dominique Voynet justifie son soutien en expliquant que « nous souhaitons donner une majorité au Président de la République, et à Montreuil nous ne voulons pas ajouter de la division à la division déjà existante à gauche ». Raisonnement sibyllin qui ne convainc encore personne.
La situation devient encore plus étrange quand on lit le communiqué du parti socialiste local, qui lui, condamne fermement ce soutien dont il ne manque pas d’entrevoir les ficelles : « Mme Voynet trahit l’accord validé par son propre parti (…) Ne s’agirait-il pas pour elle de créer les conditions pour revendiquer en 2014, une tête de liste aux élections municipales, avec le soutien du PS ? » s’indignent les socialistes de cette section.
Avec une situation aussi tendue que celle-ci, la question du désistement au second tour devient difficile à résoudre, dans la mesure où aucun des deux candidats ne souhaite, pour le moment, se désister en faveur de l’autre pour l’échéance du 17 juin, alors que les deux risquent d’être qualifiés étant donné le score de François Hollande et Jean-Luc Mélenchon (24%) lors de l’élection présidentielle. Des divisions dont aimeraient profiter la droite, toujours en embuscade…