La suppression des départements de la Petite couronne fait grincer des dents
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Le Premier ministre Jean Marc Ayrault a soumis l'hypothèse d'une suppression des départements de la Petite couronne après la conférence de presse de François Hollande. Une position qui ne plaît à personne en Ile-de-France.
En Ile-de-France, Jean-Marc Ayrault préfère une métropole à une région fragmentée par départements. En tout cas pour la Petite couronne. Une annonce surprise que les principaux intéressés n’ont pas tardé à critiquer.
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« Gouvernement gribouille »
Avant de dénoncer le « bazar institutionnel en Ile-de-France », Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine, rappelle dans un communiqué intitulé « gouvernement gribouille » qu’en 2012 « les socialistes ont rétabli la clause de compétence générale des régions et des départements, supprimée par le texte de loi voté en 2010 sous Nicolas Sarkozy ». Ce qui aurait eu pour conséquence de « faire exploser à nouveau la dépense publique ». Le sénateur ne comprend pas que sa proposition de faire de la région Ile-de-France le nouveau projet du Grand Paris ait été jugée « irréaliste en 2013 » par la gauche alors qu’aujourd’hui, ils proposent la suppression des départements « sans étude d’impact, sans concertation, sans bilan ». Il réclame des négociations « plus méthodiques et sereines avec les collectivités territoriales ».
« Région dans la région »Nicolas Dupont - Aignan, député de l’Essonne, craint que la métropole parisienne, alliant Paris aux trois départements de la Petite couronne, ne vienne « concurrencer la collectivité existante », à savoir la Région Ile-de-France en créant « une région dans la région ». Pour lui, cette suppression « va accoucher d’un monstre bureaucratique très éloigné des habitants ». Cet europessimiste voit ce projet comme « une seconde Union européenne, niveleuse, opaque et antidémocratique » car « on verra des élus locaux faire des promesses intenables à leurs administrés qui aboutiront à l’exact contraire une fois passées à la moulinette du compromis métropolitain ».
« Improvisé »Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine n’accueille pas non plus cette proposition favorablement. « Tout ceci est largement improvisé […] Il n’y a absolument aucune concertation, aucune consultation des populations. Moi je suis d’accord pour faire des fusions mais il faut le faire de manière démocratique », a-t-il réagi sur LCI avant de préciser son idée dans une interview au Monde. « Je suis favorable à la création de métropoles. Mais je pense qu’elles doivent se voir confier les compétences stratégiques : les transports, l’économie, la grande voirie, les aéroports […] En revanche, les départements sont les seuls à avoir à la fois le professionnalisme et la proximité pour s’occuper de la protection maternelle et infantile, du handicap, du RSA, des assistantes sociales. » L’ancien maire d’Antony travaille ainsi sur une fusion des Hauts-de-Seine et des Yvelines depuis un an. « Cela permettrait des économies de gestion et des mutualisations de nos moyens » s’est-il justifié.
« A quoi ça peut servir » ?
A gauche non plus, le projet ne plait pas forcément. Jean-Paul Huchon, président PS d’Ile-de-France, s’interroge : « Je ne suis pas pour la mort des départements. Il faut regarder à quoi ça peut servir. » Il met en garde le gouvernement : « Attention à ne pas supprimer toute notion de proximité, c’est-à-dire les prestations sociales qui sont versées par les départements. Est-ce qu’on y gagne beaucoup à les faire verser pas une grande métropole qui regroupera tous les employés de la banlieue et de Paris ? » Jean-Paul Huchon propose pourtant à Jean-Marc Ayrault d’aller encore plus loin dans la décentralisation en allant « vers une séparation des pouvoirs publics où l’Etat s’occuperait de tout ce qui est régalien comme la sécurité, l’international, mais aussi la solidarité. Et tout le reste, c’est-à-dire ce qui relève de la vie quotidienne comme les transports, les logements, ça devrait être les collectivités locales, c’est-à-dire un système quasi fédéral. »
Jean-Paul Huchon justifie sa position par le fait que François Hollande, lui-même, s’est dit contre une suppression « pure et simple » des départements, notamment dans les territoires ruraux.