Avec Jallamion, la police passe du geste à la parole
Publié le Par Fabrice Bluszez
Un policier qui refuse de serrer la main du Président et du Premier ministre lors de l'hommage au couple assassiné à Magnanvillle. Et un qui a pris la parole en public samedi 18 juin à Paris... Une sourde révolte.
Le samedi 18 juin à Paris, sur le parvis des Droits-de-l'Homme, lors d'un hommage aux deux policiers tués par Lorissa Abballa à Magnanville (Yvelines), un policier, Sébastien Jallamion, a pris la parole. Dans un discours de 4 minutes, il a accusé le pouvoir, en l'occurrence directement le Président, François Hollande, et le Premier ministre, Manuel Valls, d'être responsable d'une situation catastrophique de la police. Il n'épargne d'ailleurs pas Nicolas Sarkozy à qui il reproche la suppression de postes : « 12.500 policiers et gendarmes. »
Le discours, relayé par Boulevard Voltaire sur YouTube, est donc politique. Il s'achève par : « Je réitère l’appel à la résistance que j’ai lancé à l’ensemble de mes collègues, je les appelle à faire la même chose que moi, à se départir de leur obligation de réserve de manière à informer la population car ce sont eux, les électeurs, qui peuvent mettre à notre tête un exécutif qui tienne la route. »
Le discours a été enregistré et est diffusé sur plusieurs sites.
Le devoir de réserve évacué
Sébastien Jallamion prend un risque. « Je suis fonctionnaire de police, ce qui signifie qu’en parlant devant vous, je commets un acte de résistance car je suis astreint à une obligation de réserve ». Déjà, en 2014, il s'était fait dénoncer par une collègue pour avoir, sur une page Facebook anonyme créée en 2011, tenu des propos virulents suite à l'assassinat en Algérie du Français Hervé Gourdel.
Le procureur avait requis, selon le site Riposte laïque, "5 mois de prison ferme, plus trois mois avec sursis, 2000 euros d’amende, interdiction à vie d’exercer dans la fonction publique, 5 ans d’interdiction de port d’arme et obligation d’un suivi psychiatrique".
Le policier risquait une suspension de deux ans, suite à la révocation d'un sursis venant d'une affaire précédente et touchant à sa vie privée (selon son avocat, Maître Versini, un propos rapporté en octobre 2015, par Bvoltaire.fr). Sébastien Jallamion s'était expliqué lui-même sur TV Libertés.
Alors Boulevard Voltaire, TV Libertés, Risposte laïque, fdesouche aussi : cela fait beaucoup de sites marqués à droite.
Tous avaient soutenu, précédemment, le général de gendarmerie, Bertrand Soubelet, qui, devant une commission parlementaire en décembre 2013, avait critiqué la suppression de 6.000 emplois. Invité à prendre sa retraite, il a écrit un livre, Tout ce qu'il ne faut pas dire, édité en mars 2016 chez Plon. « Désormais, personne ne peut m'opposer un pseudo devoir de réserve », écrit-il en préface.
Il y a eu une confusion à cause de VSD et d'une page de soutien. Le Parisien le souligne ce lundi 20 juin : il y a eu une erreur -temporaire- de VSD confondant les deux policiers et la création d'une page de soutien confondant les deux hommes.