BNP Paribas : Hollande a écrit à Obama et appelle les Etats-Unis à la clémence
Publié le Par Raphaël Didio
François Hollande a écrit à Barack Obama pour l’alerter sur le « caractère disproportionné des sanctions envisagées » contre BNP Paribas qui a contourné l’embargo américain visant Cuba, le Soudan et l’Iran.
L’Elysée a révélé ce mercredi 4 juin que le président de la République François Hollande avait écrit à son homologue américain Barack Obama concernant les possibles sanctions qu’encourt la Banque BNP Paribas aux Etats-Unis. Cette dernière avait contourné l’embargo américain visant Cuba, le Soudan et l’Iran et encourt une amende record de 10 milliards de dollars, soit 7,3 milliards d’euros, ainsi qu’une suspension provisoire de ses activités de compensation basées à New York, essentielles à son bon fonctionnement.
Cette lettre de François Hollande, envoyée le 7 avril, « attirait l’attention du président Obama sur le caractère disproportionné des sanctions envisagées et des risques associés à celles-ci », a précisé l’entourage du président de la République. Une révélation pas innocente, puisqu’elle intervient à quelques d’un dîner qui réunira les deux présidents jeudi soir à Paris en marge de la commémoration du débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie.
Le gouvernement prix entre deux feux
D’après un article du New York Times publié lundi, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, et Edouard Fernandez-Bollo, secrétaire général de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, étaient tous deux à New York fin mai afin de plaider en faveur de BNP Paribas. L’administration américaine compte faire dans l’excès de zèle concernant les fraudes éventuelles des banques, qu’elles soient américaines comme étrangères. De plus, les Etats-Unis n’accepteront aucune considération politique pouvant perturber le cours de la justice. Bref, le dossier est sensible.
En France, le gouvernement hésite quant à la marche suivre. D’un côté, défendre les banques lui ferait perdre encore quelques points dans l’opinion, mais sacrifier la BNP Paribas - qui ferait office d’exemple pour les Américains qui ont le vif sentiment que les banques ont été épargnées malgré leur implication dans la crise, sans compter les élections de mi-mandat prévues cet automne – présente un gros risque. Après sa victoire aux élections européennes, le Front national pourrait récupérer l’affaire et en faire un argument de poids pour combattre le traité de libre-échange actuellement en négociation entre les Etats-Unis et l’Europe. Sans compter que les conséquences de l’affaire sont possiblement désastreuses pour BNP mais aussi pour le secteur bancaire européen.