Accueil |  Qui sommes-nous |  Contact


Espagne : abdication de Juan Carlos, Felipe de Bourbon nouveau souverain

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - Casa de America


Coup de tonnerre en Espagne : le Roi Juan Carlos, au pouvoir depuis plus de 38 ans, a annoncé son abdication . C'est son fils de 46 ans, Felipe de Bourbon, qui récupère le trône.

Le héros de la démocratie espagnole. En 38 ans de règne, et malgré une fin de parcours chaotique, Juan Carlos a su trouver le respect de son peuple en instaurant durablement une démocratie et une unité qui s'était perdue durant les années Franco. Aujourd'hui, l'homme de 76 ans, a annoncé son abdication. Une information dévoilée au préalable par Mariano Rajoy, le chef du gouvernement, très tôt dans la matinée, lors d'une conférence de presse convoquée en urgence au palais de la Moncloa à Madrid, l'équivalent de l'hôtel de Matignon. A 13 heures, le roi s'est alors adressé au peuple espagnole par le biais de la télévision et la radio espagnole pour donner les raisons de son départ.


Il a prétexté un besoin de "renouveau" du pays, arguant plusieurs fois que son pays dispose d'"une génération nouvelle, plus jeune, avec de nouvelles énergies, qui est décidée à prendre en main avec détermination les transformations et les réformes que la conjoncture actuelle appelle, pour affronter [...] les défis de demain." C'est donc son fils, Felipe, qui assurera désormais cette lourde responsabilité. Juan Carlos a déclaré à son sujet qu'il "incarne la stabilité, un des éléments-clés de l'identité de l'institution monarchique", ajoutant qu'il avait "la maturité, la préparation et le sens des responsabilités nécessaires pour assumer en toute confiance le rôle de chef de l'Etat".

Du putsch aux polémiques de fin de règne

Couronné le 22 novembre 1975, deux jours après la mort du dictateur qui en avait fait son successeur, Juan Carlos a drastiquement fait évoluer la politique espagnole, lui permettant ainsi de rentrer à la table des grandes démocraties européennes à coup de réformes et de constitution. Il permet les premières élections démocratiques en 1977, avant que la constitution ne soit adoptée par référendum l'année suivante. Le parcours de Juan Carlos comme Roi d'Espagne a toutefois failli s'arrêter prématurément.  Le 23 février 1981, les militaires emmenées par le lieutenant-colonel Antonio Trejo tentent un coup d'Etat.


Mais Juan Carlos, dans un message télévisé resté gravé dans les mémoires des Espagnols, avait su trouver les mots pour ordonner aux officiers  putschistes de la garde civile qui occupaient le Parlement de rentrer dans leur caserne. Ce jour-là, le roi d'Espagne s'est imposé définitivement comme le garant de la démocratie ibérique. Sa fin de règne  aura toutefois été moins glorieuse, avec une série d'affaires le touchant lui ou sa famille : son gendre Iñaki Urdangarin, époux de l'infante Cristina, est accusé de détournement de fonds publics ; la fameuse partie de chasse à l'éléphant au Bostwana excessivement coûteuse à laquelle avait participé Juan Carlos alors que son pays est plongée en pleine crise, mais aussi l'existence d'une mystérieuse "amie" du roi, l'ancienne princesse allemande Corinna zu Sayn-Wittgenstein.


Felipe, un roi moderne 

C'est désormais à son fils, le prince Felipe de Bourbon, futur Felipe VI, d'avoir la lourde responsabilité de représenter l'Espagne. Né en 1968, il est l'unique héritier masculine du trône d'Espagne, ayant deux grandes sœurs,, Elena (née en 1963) et Cristina (1965). Nommé prince des Asturies à neuf ans en 1977, il devient officiellement héritier de la couronne espagnole. Il sera aux côtés de son père en 1981 lorsque celui-ci fait opposition au coup d'Etat. "Il voulait qu'il soit dans son bureau, avec lui, pour le voir agir", a expliqué la reine Sofia à la journaliste Pilar Urbano, auteure du livre La Reina.


Le Prince a passé sa scolarité principalement à l'étranger, comme sa dernière année de lycée passée au Canada. Il passe de 1985 à 1988 dans les écoles militaires des trois armées, avant de faire des études de droit à l'Université autonome de Madrid puis passe un master de relations internationales à l'Université de Georgetown à Washington. Peu à peu, il s'affirme et assure un rôle protocolaire en multipliant les activités publiques, à l'étranger principalement, où sa maîtrise de l'anglais est mise à profit. Parlant couramment le catalan également, Felipe est accessoirement pilote d'hélicoptère, amateur de football et a même participé aux jeux Olympiques de Barcelone de 1992 au sein de l'équipe de voile.


Concernant ses relations sentimentales, il n'a jamais été très prolixe à ce sujet jusqu'en novembre 2003, où il annonce ses fiançailles avec Letizia Ortiz, roturière, journaliste et divorcée, ce qui constitue une grande première dans la monarchie espagnole. Mariée en 2004, deux filles sont nées de leur union : Leonor en octobre 2005 et Sofia en avril 2007. Bref, Felipe a tous les atouts pour être le souverain moderne que tout l'Espagne attend, à l'heure où le pays est marqué par une profonde crise sociale et économique.