Ukraine : l’accord diplomatique rejeté par les insurgés prorusses
Publié le Par Antoine Sauvêtre
L’accord diplomatique signé hier soir entre la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne laissait espérer une désescalade du conflit. Mais il n’est pas suivi d’effets.
Quelques heures après l’accord diplomatique conclu entre la Russie et les Occidentaux, Barack Obama faisait part de son pessimisme. Aujourd’hui, les insurgés séparatistes dans l’Est de l’Ukraine lui ont donné raison. A Donetsk, le « gouvernement provisoire » pro-russe a affirmé qu’aucune désescalade n’était envisageable sans « réforme constitutionnelle ». « C’est Kiev qui doit d’abord désarmer l’extrême droite, la garde nationale et les autres formations illégales, et après éventuellement nous rendrons les armes », commentait l’un des porte-parole des insurgés.
L’accord : la désescalade
Le document signé par la Russie, l’Ukraine, l’UE et les Etats-Unis prévoit notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l’évacuation des bâtiments occupés. Kiev accuse la Russie d’avoir envoyé des forces spéciales venues de Crimée pour faire partie de ces groupes, ce que réfute Vladimir Poutine.
L’accord prévoit également la fin des « actions violentes, d’actes d’intimidation ou d’actions provocatrices » menés par l’ensemble des forces présentes sur place ainsi que l’amnistie pour les manifestants prorusses ayant participé à l’insurrection, sauf ceux coupables de crimes.
La réalité : l’impasse
Mais sur place, les insurgés n’ont aucunement l’intention de reconnaitre cet accord. « Sergueï Lavrov [le ministre des affaires étrangères russe] n’a pas signé en notre nom mais au nom de la Russie » expliquait leur porte-parole. Selon eux, le gouvernement ukrainien n’applique pas l’accord qu’ils a lui-même signé en ne retirant pas ses forces militaires et en poursuivant sa mission « anti-terroriste » à l’Est. Kiev appelle les insurgés à quitter d’abord les bâtiments. La position des deux parties laisse l’accord dans l’impasse.
Pourtant, il y a urgence. Dans la nuit précédant l’accord, les affrontements ont fait 3 morts et 13 blessés prorusses dans la ville de Marioupol. Les insurgés, qui appellent à un référendum sur l’autonomie de la région le 12 mai, réclament une « fédéralisation » de la Constitution ukrainienne. Le gouvernement, qui redoute un éclatement du pays, propose une « décentralisation ». Une guerre des mots…pour le moment.