Crimée : la péninsule vote largement pour le rattachement à la Russie
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Dimanche 16 mars, 96,6% des votes ont approuvé le rattachement de la Crimée à la Russie lors du référendum. La Douma russe examinera et devrait adopter cette annexion dès vendredi malgré les condamnations de la communauté internationale.
L’issue du vote ne faisait aucun doute, mais son ampleur était attendue de tous en Ukraine. Dimanche 16 mars : la Crimée a, sans surprise, largement voté pour son rattachement à la Russie : 96,6% des votants l’ont approuvé. La Parlement de la péninsule a officiellement fait sa demande de rattachement à Moscou ce lundi, 60 ans après que Nikita Khroutchev l’ai cédé a l’Ukraine. Le premier ministre de Crimée, Serguii Axionov a célébré sa victoire en compagnie des militants séparatistes sur la place Lénine à Simféropol. "Nous rentrons à la maison", a-t-il lancé à la foule, avant d’entonner l’hymne nationale russe.
BoycottLe vote, encadré par les soldats russes et les milices séparatistes, a tout de même été entaché d’un boycott massif de la communauté Tatar de Crimée. D’origine turco-mongole, les Tatars représentent 12% de la population de Crimée. Depuis le début du conflit, ils sont les opposants les plus résolus au retour de la province en Russie. Cette population installée en Crimée depuis le XIIIème siècle, victime de la collectivisation sous Staline et déportée en Asie centrale pendant la seconde guerre mondiale, a dû attendre 1989 pour pouvoir revenir dans la péninsule. Sans pouvoir récupérer entièrement leurs terres.
Et maintenant ?Désormais le rattachement de la Crimée ne dépend plus que de la Douma. La chambre basse du Parlement russe doit achever la préparation du projet de loi sur l’intégration de la Crimée à la Russie. La demande de rattachement sera examinée vendredi 21 mars et sera adoptée dans un « avenir très proche », a promis Sergueï Neverov, le vice président de la Douma. Reste à connaitre le statut de la Crimée qui déterminera son autonomie. Sera-t-elle une simple entité administrative sous le contrôle de Moscou ou une République avec une Constitution, un président et un Parlement ? La question devrait être résolue dans le courant de la semaine.
La communauté internationale condamne
Europe, Etats-Unis, Japon… Personne, hormis Moscou, ne reconnait le vote de dimanche. Un référendum considéré comme « illégal » et « contraire à la Constitution ukrainienne et aux lois internationales », ont rappelé Washington et les différents leaders européens. Le Japon et le Canada ont également fait part de leur opposition. L’Union européenne a d’ores et déjà établi une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes. Aujourd’hui, les ministres européens des Affaires étrangères décideront des sanctions qui leur seront appliquées.
Pour autant, dans les faits, la communauté internationale ne devrait pas aller plus loin dans les sanctions pour annuler l’annexion de la Crimée. En revanche, si la crise s’aggrave, un troisième plan de sanctions sera débloqué par l’UE, touchant cette fois les relations économiques et commerciales avec la Russie et mettant ainsi en péril certains pays de l’Est, dépendants des livraisons de gaz russe.