Neutralité : à quoi joue la Suisse ?
Publié le Par Un Contributeur
C'est un drôle de pays neutre ! Il fabrique des armes, les exporte mais ne veut pas que les pays qui les achètent en fassent l'usage qu'ils veulent !
La Suisse se gave ! En 20 ans, les ventes d'équipement militaire à l'étranger ont quasiment triplé. Avec la guerre en Ukraine, l'industrie d'armement tourne à plein régime, les pays de l'OTAN étant, bien sûr, les principaux demandeurs. On comprend que, devant la menace russe, ils aient décidé de se réarmer, l'Allemagne en tête. Mais un problème se pose : une loi suisse interdit la réexportation de matériel militaire vers un pays en guerre. Autrement dit, ces armes ne peuvent pas être mises à la disposition des Ukrainiens pour les aider à se défendre face à l'envahisseur. Berne a ainsi refusé à l'armée allemande d'expédier à Kiev des milliers d'obus pour des chars antiaériens. Le Danemark et l'Espagne se sont heurtés à de semblables obstacles.
La neutralité suisse est "non négociable" a rappelé la tête pensante de l'UDC, le parti souverainiste et nationaliste qui est aujourd'hui la première formation politique dans le pays. Mais au-delà des frontières, l'incompréhension, voire la colère, commencent à monter. La neutralité ne peut pas être le cache-sexe d'une irresponsabilité qui vaut complicité avec un envahisseur arrivant aux portes des démocraties européennes, Suisse comprise.
Le Parlement helvétique va mettre en discussion de possibles aménagements à cette fameuse loi. Une autorisation exceptionnelle pour le cas ukrainien est, toutefois, jugée improbable, vu le paysage politique du pays. Quant à la population elle-même, elle est partagée à 50-50.
La neutralité de la Suisse sera, de toute façon, de plus en plus problématique. Le pays a souffert de la mondialisation de la finance. Il souffrira, comme les autres, de la voracité des grandes puissances.
Le mulot