Catalogne : lundi, l'indépendance ?
Publié le Par Fabrice Bluszez
La Catalogne sera-t-elle indépendante lundi ? Ou une déclaration unilatérale entraînera-t-elle l'arrivée de chars espagnols à Barcelone ? Quelques pistes pour mieux comprendre...
Le référendum sur l'indépendance de la Catalogne a donné un résultat étonnant : 90% de "oui", mais sur 42% de votants estimés. L'opération étant déclarée illégale, on comprendra que les Catalans hostiles à l'indépendance ne se soient pas déplacés. Ce scrutin vaut sondage, partiel et partial.
La situation est donc bloquée. Surtout après les déclarations télévisées solennelles du roi d'Espagne, Felipe VI, et du chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont. Le premier se veut garant de l'unité de l'Espagne mais n'a pas proposé de porte de sortie honorable du conflit. Le second appelle à une "médiation" mais maintient son calendrier vers l'indépendance, qui est, dit-il, "une question de jours". Elle pourrait être déclarée lundi lors de la réunion du Parlement catalan.
La déclaration du roi d'Espagne. Résumée par BFMTV... On peut aussi lire le texte intégral sur La Vanguardia, journal espanol.
« Je terminerai ce discours, adressé à l'ensemble des Espagnols, pour souligner à nouveau l'engagement ferme de la Couronne envers la Constitution et la démocratie, mon dévouement à la compréhension et à la concorde entre les Espagnols, et mon engagement en tant que Roi à l'unité et la permanence de l'Espagne. »
La déclaration de Carles Puigdemont, résumée par Euronews.
« Le roi adopte le discours et les politiques du gouvernement de Rajoy qui ont été catastrophiques pour la Catalogne et ignore délibérément des millions de Catalans qui ne pensent pas comme eux. Je voudrais parler directement à Sa Majesté, dans la langue qu’il comprend, qu’il parle. Alors, non ! A travers votre discours hier, vous avez déçu de nombreux Catalans, qui vous appréciaient, qui vous ont aidé dans les temps difficiles de l’institution, des gens qui attendaient de votre part un autre ton et un appel au dialogue et à la concorde. »
Et maintenant ?
L'intervention de l'Europe a été demandée. Il y a eu une réunion d'urgence. Ce mercredi 4 octobre, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a affirmé : « Il est grand temps de dialoguer, de parler, de trouver une voie en dehors de l'impasse et de travailler conformément à l'ordre constitutionnel espagnol. » Le Huffington Post résume les enjeux dans un article.
La déclaration d'indépendance violerait le principe fondamental de « l’unité indissoluble de la nation espagnole » (article 2 de la Constitution de 1978). L’article 155 de la Constitution autorise le gouvernement à prendre la direction d’une communauté autonome si ses dirigeants « portent gravement atteinte aux intérêts de l’Espagne »...
Le gouvernement espagnol peut aussi prendre le contrôle des forces de police régionale, les Mossos d’esquadra, souligne Le Monde.
Le nouvel Etat catalan n'aurait pas de Constitution. Il lui faudrait créer une Assemblée constituante pour en rédiger une et, à nouveau, la faire voter...
Entre autres personnalités, on notera ce mercredi l'intervention du célèbre musicien catalan Jordi Savall, relayée par L'Obs.
« Rajoy n'a jamais cherché de solution politique ; uniquement des solutions judiciaires. Sa seule réponse consiste à invoquer la loi. Mais si on devait encore respecter la loi, les esclaves seraient encore des esclaves, les femmes ne pourraient pas voter, les travailleurs n'auraient pas de droit. Les lois ne sont pas toujours justes et les sociétés les ont toujours fait évoluer pour les adapter. On ne peut pas invoquer la loi comme quelque chose d'inamovible. »