UMP : Nicolas Sarkozy, l’ancien rassembleur qui divise le parti
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Désormais à l’UMP, sur n’importe quel sujet, il y a les pour et les contre. Aujourd’hui, le parti divisé se déchire encore un peu plus sur un sujet qui faisait pourtant l’unanimité il y a encore deux ans : Nicolas Sarkozy.
Il y a un peu plus de deux ans, l’UMP semblait encore être la première force politique du pays, avec comme leader naturel, un Nicolas Sarkozy quasiment incontesté à droite. Mais une défaite à la présidentielle et quelques affaires plus tard, dont la dernière sur les fausses factures de Bygmalion a littéralement fait exploser le parti, les ténors de l’UMP se déchirent sur un éventuel retour de l’ancien chef d’Etat pour prendre les commandes de l’UMP. Une fonction qu’il a déjà occupée entre 2004 et 2007.
Il y a d’un côté les orphelins de l’ancien maire de Neuilly, réunis après son départ en un véritable fan club nommé « Les amis de Nicolas Sarkozy ». De l’autre, ceux qui pensent qu’il a fait son temps, que son bilan n’est pas si bon que voudrait bien le faire croire ses proches, ou encore qui redoute que son implication dans l’affaire Bygmalion, avérée ou non, fasse souffrir encore un peu plus un parti déjà au bord du gouffre.
Les fidèles
Il était évident qu’à la moindre occasion, les deux plus fidèles compères de Nicolas Sarkozy monteraient au front pour réclamer le retour de leur idole. Cela n’a pas manqué.
Sur i>Télé ce matin, Nadine Morano n’y est pas allé de mains mortes. « Je pense que Nicolas Sarkozy n’a pas le choix. Il doit revenir », a-t-elle lâché, catégorique avant de s’adresser directement à lui. « Nous avons besoin d’un vrai leader, d’un chef qui incarne une vraie politique. Je dis à Nicolas Sarkozy : c’est maintenant ou jamais. » Celle qui a toujours critiqué le triumvirat mis en place à la tête de l’UMP durant le bureau politique exceptionnel qui a vu Jean-François Copé démissionner, pense que les militants voteront en octobre pour son protégé, lors du Congrès de l’UMP. « Le moment du retour est venu. Nicolas Sarkozy va revenir », assure-t-elle aux militants.
Quant à l’affaire Bygmalion, pour laquelle Nicolas Sarkozy est également concerné, « personne ne doit s’ériger en juge ». Tant que la justice n’a pas fait son travail, Nicolas Sarkozy reste donc hors de l’affaire, estime Nadine Morano. Et si Nicolas Sarkozy revient, pas besoin de primaire pour trouver le candidat pour 2017, « ce n’est pas une bonne idée », martèle-t-elle. Ce mode de désignation du candidat UMP figure pourtant dans les status du parti, qu’elle défend corps et âmes pour critiquer le trio d’anciens premiers ministres à la tête de l’UMP.
"Sarkozy n'a pas le choix, il doit revenir" par ITELE
« Je souhaite que son engagement soit total », explique sur BFMTV et RMC, Brice Hortefeux, un autre fidèle de longue date de l’ancien chef d’Etat. Un peu plus tôt dans une interview au Monde, l’ancien ministre de l’Intérieur déaclarait : « le retour de Nicolas Sarkozy, qui était une possibilité, devient une nécessité. Je souhaite donc qu’il soit candidat à la présidence de l’UMP à l’automne ». Comme Nadine Morano, l’eurodéputé ne veut pas de primaire pour désigner Nicolas Sarkozy comme candidat à la présidentielle de 2017. Pour lui, « une primaire est utile lorsqu’il y a incertitude. Elle devient inutile lorsqu’un choix s’impose naturellement car elle encourage alors des combats stériles ».
Hortefeux sur Sarkozy: "je souhaite que son... par BFMTV
Sauf que le choix de Nicolas Sarkozy n’est pas si évident que cela à l’UMP. Xavier Bertrand considère que « toutes celles et ceux qui sont impliqués dans la campagne présidentielle de 2012 doivent rester à l’écart de l’UMP ». De facto, Nicolas Sarkozy est automatiquement exclu de la course à la présidence du parti. « Si l’on veut écrire une nouvelle page, il faut regarder devant nous », clame-t-il. Et sur la position de Brice Hortefeux, le député-maire de Saint-Quentin (Aisne), qui ne cache pas qu’il pourrait être candidat, s’interroge : « Qui a peur des primaires ? […] C’est le choix de nos adhérents qui dit que pour la prochaine présidentielle, les électeurs de la droite et du centre choisissent le candidat et le projet. […] C’est la garantie que les projets seront enfin appliqués ».
UMP : Xavier Bertrand veut faire table rase par FranceInfo
Bernard Debré, député de Paris, ne veut pas non plus d’un retour. Et l’ancien ministre est même encore plus critique à l’encontre de l’ancien chef d’Etat. « On n’a pas à se courber devant Nicolas Sarkozy », pense-t-il. Il « n’espère pas » un retour de l’ancien président, notamment parce qu’il « nous a fait échouer la dernière fois, justifie-t-il. D’ailleurs, on a perdu toutes les élections » sous sa présidence. Bernard Debré, qui avait déjà soutenu la « troïka » Raffarin-Fillon-Juppé à la présidence du parti, renouvelle son soutien à ce qui vont « remettre d’aplomb l’UMP ». Pour lui, une primaire pour 2017 est essentielle pour unir la droite et affronter le FN, « qui sera au deuxième tour ». « Vous imaginez Nicolas Sarkozy, président de l’UMP en octobre, convoqué par la police une nouvelle fois, mis en examen une nouvelle fois ? Certes il n’est peut être pas coupable […] mais enfin, ça commence à bien faire », s’indigne-t-il.
L'Opinion de Bernard Debré par Lopinionfr
Hervé Gaymard, l’ancien ministre qui avait succédé à Nicolas Sarkozy à Bercy en 2004, ne soutient pas non plus un retour de Nicolas Sarkozy. Sur RMC, il a jugé que sa candidature en octobre n’était pas « une très bonne idée ». Pour la primaire ? « Libre à lui, le moment venu, de se présenter […] mais je pense que pour la présidence de l’UMP, il faut quelqu’un qui, dans les années qui viennent, reconstruise le parti, le mette en ordre de marche pour paver le chemin de cette élection présidentielle. Je pense que ce n’est pas de son niveau, si je puis m’exprimer ainsi », a-t-il lâché.
Et au vu des divisions que Nicolas Sarkozy entraine, sans même s’exprimer, difficile de croire qu’il serait capable de (ré)unir l’UMP à lui tout seul. Finalement, ceux que l’on entend le moins sur le sujet sont les futurs présidents du parti. Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Alain Juppé sont restés particulièrement silencieux ces derniers jours. Une manière de laisser passer l'orage, alors qu’ils doivent prendre la tête du parti dans moins de 10 jours. Lorsque Jean-François Copé sera définitivement parti.