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Armée : les nouvelles coupes budgétaires sèment la zizanie

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © CSIS - flickr


Alors que le gouvernement envisage de nouvelles coupes budgétaires au sein de l’Armée, plusieurs hauts-gradés menacent de démissionner. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a écrit une lettre au premier ministre pour faire part de ses inquiétudes.

Un plan social dans l’Armée ? Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, n’en veut pas et l’a fait savoir à Manuel Valls dans une lettre datée du 9 mai 2014. Il prévient le premier ministre des graves conséquences qu’auraient de nouvelles coupes dans le budget militaire. La Défense, engagée principalement au Mali et en Centrafrique, « ne peut absorber une perte de crédits en 2014, ni sur sa masse salariale, ni sur ces crédits de fonctionnement », qui sont déjà « au seuil de l’acceptabilité sociale », prévient le ministre.

Conséquences industrielles et militaires

Et Jean-Yves Le Drian tire la sonnette d’alarme. L’Armée est dans une « situation financière extrêmement dégradée avec une dette fournisseurs historique, représentant plus du tiers des crédits disponibles » et « toute aggravation de ce report de charge se traduira par une cessation de paiements précoce et la mise en difficulté de nombre d’entreprises, en particulier les PME ».
 

Plus que les effectifs de l’Armée, une baisse des crédits en 2014 aurait pour conséquence de reporter à 2016 des programmes « symboliques » prévus en 2014 et 2015, « soit un total d’environ 7 milliards d’euros de commandes non passées » et donc, des « conséquences industrielles désastreuses ». « L’armée de terre serait sous équipée et rapidement dans l’incapacité de satisfaire les nouveaux contrats opérationnels », s’inquiète encore le ministre.

Menaces de démission en pagaille

Avant cette alerte, le ministre lui-même avait subi la pression des plus hauts-gradés des différentes armées. Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées s’est joint le 13 mai dernier à un mouvement de contestation de ses pairs dans les différents corps militaire. Denis Mercier (air), Bertrand Radt-Madoux (terre) et l’amiral Bernard Rogel (mer) ont tous menacé de démissionner si le budget devait une nouvelle fois être rogné. Une vingtaine d’autres officiers généraux auraient également menacé de démissionner pour faire pression.
 

Objet de ces contestations : l’annonce par le ministre des Finances Michel Sapin, d’un effort supplémentaire pour l’année 2014 qu’il n’avait pas chiffré mais que Jean-Yves Le Drian évalue à 355 millions d’euros. Des efforts « difficiles à réaliser, dans un contexte social proche de l’exaspération » à cause de l’exercice extrêmement tendu de la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM), insiste le ministre. Selon lui, en 2019, son ministère aura supprimé 82 000 emplois en seulement 10 ans.