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Européennes : Nicolas Sarkozy appelle à suspendre Schengen

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © UMP Photos - flickr


Dans une tribune publiée par Le Point, l’ancien président de la République se positionne sur l’Europe à quatre jours du scrutin des européennes. Il veut notamment suspendre l’espace Schengen pour créer un Schengen II.

Ils étaient nombreux, du côté de l’UMP, à réclamer une prise de parole de l’ancien chef de l’Etat. Brice Hortefeux, Nadine Morano, Geoffroy Didier, tous candidats aux élections européennes du 25 mai, mais aussi François Baroin ou même Jean Pierre Raffarin pour qui la tribune publiée dans Le Figaro par Nicolas Sarkozy quelques jours avant les municipales avait « contribué à mobiliser la droite ».
 

L’ancien président, qui se défend toujours d’un éventuel retour en politique, a succombé à la tentation en publiant une tribune dans le magazine Le Point ce jeudi 22 mai, à trois jours des européennes pour lesquelles les sondages placent le Front National en tête du scrutin et indique une abstention record. Nicolas Sarkozy y appelle à « profondément refonder notre politique européenne ».

Suspension de Schengen

Concernant l’immigration européenne, l’ancien chef de l’Etat est catégorique : « l’échec est sans appel ». Il appelle à « suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration ». L’objectif : mettre fin « au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses ».
 

En 2012 déjà, Nicolas Sarkozy avait fait part de son envie de réformer Schengen s’il était réélu. Sauf que les experts avaient pointé du doigt une réforme impossible à mettre en œuvre car cela implique une révision des traités européens soumise à l’approbation des Etats membres à l’unanimité. De la même manière, Florence Chaltiel, spécialiste du droit européen, indiquait à l’époque qu’il n’était « pas possible de se suspendre unilatéralement des traités, que ce soit Schengen ou autre, c’est contraire au droit européen ».

« Absence de leadership »

Par ailleurs, l’ancien président défend « la création d’une grande zone économique franco-allemande ». Une nécessité selon lui pour combattre « l’absence de leadership » actuelle qui « met l’Europe en danger ». Deux avantages selon lui à une consolidation du couple franco-allemand, qu’il a toujours défendu durant son quinquennat : elle « nous permettra de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux », et « ensuite, de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire ».
 

Selon lui, Bruxelles dispose actuellement de trop de pouvoirs et appelle donc à supprimer « pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires » pour qu’elles soient « assumées par les Etats nationaux ». Les compétences de l’Europe seraient ainsi regroupées dans un noyau dur d’« une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l’industrie, l’agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l’énergie, la recherche… ». Une proposition qui n’a jamais été mise sur la table lorsque Nicolas Sarkozy était au pouvoir.
 

Enfin, son avis sur la Commission européenne n’a pas changé. A plusieurs reprises, l’ancien chef d’Etat avait affirmé son hostilité à cette instance et sa « prétention à tout réglementer et tout régenter », comme il l’avait affirmé dans un discours à Berlin en février. Pour lui, « la Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu’il y a un Parlement européen, c’est à lui et à lui seul de légiférer ».

L’UMP « heureux »… sans plus

Lors d’un grand meeting pour les européennes, le patron de l’UMP Jean-François Copé s’est dit « bien heureux que [Nicolas Sarkozy] publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation ». De son côté, Laurent Wauquiez, montré du doigt par son parti pour son euroscepticisme durant la campagne, a évoqué une tribune « utile au débat ». Mais François Fillon, s’il évoque une « tribune excellente », se montre plus sévère. « Cela parait ne pas mériter plus de commentaires […] Ce n’est pas l’événement central de la campagne », a-t-il lâché. L’ancien premier ministre s’est également opposé à la suspension des accords de Schengen, préconisée par son ancien président. « Ce que je dis, c’est qu’avant de parler de suspendre Schengen, commençons par nous doter d’une politique migratoire française qui soit à la hauteur de ce qu’attendent nos concitoyens ».