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Affaire Bygmalion : l’UMP soupçonné à nouveau de surfacturation

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - UMP


Déjà accusé par Le Point en février dernier, l'UMP est pointé du doigt par Libération pour de nouveaux soupçons de surfacturation avec au cœur de cette affaire, l'agence Bygmalion.

En février dernier, le Point avait accusé l'agence de communication Bygmalion d’avoir surfacturé la campagne de meetings de Nicolas Sarkozy à l'UMP. Jean-François Copé, le président du parti, avait alors dénoncé « des chiffres fantaisistes et des mensonges grossiers » pour « nuire à l’image de l’UMP et de ses dirigeants ». Dans son édition du 15 mai, Libération accuse l’UMP d’avoir versé « près de 20 millions d’euros à la filiale de Bygmalion Event & Cie », dirigée par certains proches de Jean-François Copé, pour l’organisation de « 80 évènements » dont « 55 convention thématiques » pour 12,7 millions d’euros entre janvier et juin 2012.


Au cours de son enquête, le quotidien n’a trouvé que « quelques-unes » de ces conventions « et ce sont souvent les moins chères ». Des responsables UMP, pourtant supposé avoir assisté à celles-ci, n’en ont d’ailleurs aucun souvenir… Pour exemple, cette « conférence sur l’accès au crédit », supposé s’être déroulée le 30 mai 2012, soit trois semaines après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Coût total : 299 000 euros (dont 72 000 euros de vidéo, 66 000 euros de son et lumière et 21 000 de traiteur). Le principal intervenant aurait été, selon les factures d’Event & Cie, le député de Paris Pierre Lellouche, surpris quand la journaliste de Libération lui pose la question.

Conventions fantômes


« Je suis tout à fait étonné. En plus, le crédit n'est pas du tout mon thème de prédilection. » Des montants pas raccords par ailleurs avec ses dépenses pour les législatives. « Tout ça ? Pour moi ? Le plafond des législatives n'excède pas les 45 000 euros par candidat, et l'UMP m'a donné, comme à tous les autres, 6 000 ou 7 000 euros, pas plus. » Pierre Lellouche indique ensuite à la journaliste chargée de l’enquête avoir retrouvé trace d’une réunion à l’Assemblée nationale ce jour-là.


Le montant de 299 000 euros revient alors régulièrement dans les facturations d’évènements par Bygmalion. Pour exemple : cette convention du 21 mars 2012 sur le thème « réforme des retraites et sauvegarde du régime par répartition », qui inclue « 72 000 euros de vidéo [et] 20 000 euros de régie technique ». Le secrétaire national de l'UMP en charge des retraites, Arnaud Robinet, n'en a, curieusement, aucun souvenir. Même chose le 2 mai de la même année, soit le jour du débat d’entre-deux tours en François Hollande et Nicolas Sarkozy, avec une convention consacrée à l’Europe et d’un montant de 300 000 euros. Même montant pour une « convention sur le terrorisme » qui aurait aboutie « à la publication d'un argumentaire de 4 pages ».

« Si l'on veut payer 4 à 5 fois le prix, rien ne nous en empêche. »


Directeur du cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux a expliqué que « les partis peuvent administrer leurs finances comme bon leur semble. Si l'on veut payer 4 à 5 fois le prix, rien ne nous en empêche. » Une affirmation exacte qui ne devrait toutefois pas ravir les sympathisants de l'UMP. On rappellera qu’ils ont permis de réunir 11 millions d'euros, à l'été 2013, après l'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil constitutionnel. Quant à Bygmalion, elle conteste par la voix de son avocat  « toute accusation de surfacturations, la marge se situe entre 25 % et 28 %, elle est tout à fait normale par rapport à d'autres structures comparables », ajoutant que « Nous contestons également toute rétrocommission. »

En attendant, la justice devrait se saisir de ces nouveaux éléments. Le parquet de Paris a déjà ouvert début mars une information judiciaire pour « faux », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ». Elle vise le chef de l’UMP, Jean-François Copé et la société Bygmalion, fondée par deux de ses proches : Bastien Millot, ancien directeur de cabinet à Meaux (dont il est le maire) et Guy Alvès, ancien chef de cabinet de Bercy quand il était ministre du budget (2004-2007).  En attendant, Jean-François Copé dément formellement ces accusations, dénonçant « une manœuvre grossière de déstabilisation de l’UMP dans une campagne électorale. A un moment on dit : stop, stop, stop ! »