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Report du projet de loi famille : le gouvernement se justifie, l’opposition se félicite ou s’indigne

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Ségolène Royal - flickr


Alors que le projet de loi sur la famille est définitivement abandonné pour 2014 car il n’est « pas prêt », la droite dénonce un « flop » gouvernemental et une « victoire » de la Manif pour tous. Les écologistes, eux, s’indignent d’un « renoncement consternant ».

En une journée, le projet de loi sur la famille a changé de statut. Présenté comme l’un des projets phares de l’année, il finit aux oubliettes. Difficile pour le gouvernement de justifier un tel revirement au lendemain d’une énième Manif pour tous. Mais selon Najat Vallaud-Belkacem, le gouvernement n’a pas cédé à la pression : « Nous ne repoussons aucunement le projet de loi à l’aune de la manifestation. Nous repoussons l’examen de ce projet parce que, de fait, il n’est pas prêt », a-t-elle insisté.
 

Autre raison de ce report, le climat généré par les manifestations : « L’hystérisation autour de ce projet de loi, notamment du fait de la Manif pour tous qui s’est appuyée sur des fantasmes, des peurs imaginaires pour hystériser le débat, est préoccupante et problématique et nous ne voulons pas que ce projet de loi prospère dans ce type de conditions. Nous voulons au contraire qu’il soit discuté dans la sérénité, dans la concertation » a expliqué la porte-parole du gouvernement.

Les triomphateurs

La présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, crie victoire : « C’est une victoire, je m’en réjouis. C’est une victoire car ce qui se dessinait dans ce projet de loi n’était pas favorable à l’intérêt supérieur de l’enfant et de la famille. » L’un des porte-parole du mouvement, Tugdual Derville, appelait à la prudence. « Ils commencent à lâcher. Mais ce n’est pas le moment de nous démobiliser », clamait-il sur Twitter.
 

La droite aussi parle de victoire. Christian Jacob, président des députés UMP considère qu’au « gouvernement, on est passé du cafouillage à la panique. Ceci étant, la vraie victoire ce sera pour nous lorsque le gouvernement aura renoncé à sa politique familiale […] que ce soit sur les sujets de société ou sujets fiscaux ». L’ancien ministre Brice Hortefeux préfère voir en cette décision, l’incapacité du gouvernement à porter des projets. « Ce gouvernement est à l’Ouest, on va de couac en flop. […] C’est un gouvernement qui est à l’image de la réalité du pouvoir aujourd’hui, sans chef, sans cap et sans volonté », critiquait-il.

Les indignés

Les plus virulents ne sont pas forcément ceux que l’on attendait. Les écologistes ont largement dénoncé un « renoncement consternant », par le biais de la secrétaire national d’EELV, Emmanuelle Cosse. Le député Vert Sergio Coronado ne s’est pas épanché sur le sujet, mais a réagi virulemment sur Twitter : « Pas de loi famille en 2014. Quelle pantalonnade !!! »
 

Noël Mamère n’est plus membre d’EELV, mais reste en accord avec ses anciens partenaires. « C’est un abandon en rase campagne qui ressemble fort à une capitulation, devant les manifestations de tout ce que la France compte de plus réactionnaire, a-t-il réagi. C’est un véritable drame pour de nombreuses familles qui attendaient des réformes, pour les familles recomposées ou l’adoption, et non pas la PMA, qui a été l’abcès de fixation sur ce projet de loi. […] Céder de manière aussi brutale après des manifestations, c’est l’expression de la part du gouvernement de sa très grande fragilité, de sa très grande vulnérabilité et de son manque de volonté politique sur des sujets de société qu’il est nécessaire de réformer ».
 

Même le sénateur PS Jean-Pierre Michel s’est permis de critiquer lourdement son propre camp : « Si le gouvernement est effrayé par quelques dizaines de milliers de manifestants qui battent le pavé, il ne faut plus gouverner. […] C’est une victoire pour la réaction et pas pour le progrès […] Enfin merde, la gauche est là pour transformer la société ! », s’est-il emporté.

Les surpris

Les députés socialistes, eux, essaient tant bien que mal de soutenir leur camp, même si certains ont du mal à cacher leur surprise. Leur porte-parole, Thierry Mandon l’a lui-même avoué. « Le fait qu’il n’y ait plus de loi sur la famille est une surprise. On savait qu’il y avait un texte en préparation, on pensait en débattre prochainement, bon, on n’en débattra pas… », a-t-il réagi, dubitatif, avant de revenir sur la PMA. « Avec le gouvernement, nous avons toujours considéré que la PMA n’était pas d’actualité, que le comité national d’éthique était saisi, qu’il devait faire un travail serein, et qu’à l’issue de ces travaux – donc dans plusieurs mois, voire années – ces sujets pouvaient faire l’objet de débats. Nous n’avions aucun projet d’amendement, contrairement à ce qui a été dit, aucune envie de déposer quoi que ce soit sur la loi famille ; maintenant il n’y a plus de loi famille, donc c’est encore plus simple ». De ce point de vue, difficile de lui donner tort.