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Syndicats et politiques réagissent à la conférence de presse de François Hollande

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Parti socialiste - flickr


Le pacte de responsabilité du président de la République hier donne lieu à de nombreuses réactions. « Melting pot » des satisfactions ou contestations des syndicats, du patronat et de l’opposition.

Syndicats et patronat n'ont pas pour habitude de s'entendre. Le discours de François Hollande ne déroge pas à la règle et semble bien loin du « dialogue social » que le gouvernement voudrait insuffler… Le patronat se satisfait du « tournant » pris par le président de la République mais attend une « clarification » sur ses intentions. Les syndicats ouvriers, eux, n’ont trouvé aucun point positif parmi les annonces économiques de François Hollande.
 

Pierre Gattaz, président du Medef, sur I-télé :
 

 « Il a confirmé l’inflexion qu’il voulait donner sur la politique économique du pays et c’est très bien. Notre pays souffre, si nous ne faisons rien, nous risquons de passer à côté de la croissance et donc de la création d’emploi. Je salue donc le discours, qui va dans le bon sens. […] Maintenant, ce qui m’a gêné c’est que l’effort n’est que de 10 milliards de plus que ce qui avait était annoncé il y a quelques mois pour réduire le déficit public.
 

Un million d’emploi en France c’est possible sous cinq ans, nous nous sommes organisés au sein du Medef pour répertorier les poches de création d’emplois dans certaines filières à la condition que certaines législations se mettent en place en France. Nous avons besoin d’une vraie clarification sur l’ampleur de la baisse des dépenses publiques qui permet d’alléger nos charges. Si elles baissent de seulement 10 milliards sur cinq ans, il n’y aura rien comme emplois possibles. J’attends qu’il clarifie l’ambition réelle. »
 

Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sur TF1 :
 

« C’est un virage important. C’est la première fois qu’un président de la République prend ce virage de production. On fait d’abord la production et les ménages suivront derrière. Il a compris que c’était l’entreprise qui créé les richesses, qui créé l’emploi. »
 

Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, pour Libération :
 

« Il a confirmé ce soir le cap qu’il avait annoncé lors de ses vœux, c'est-à-dire une mise à disposition de la France au service du patronat. […] Deux mots reviennent en force : ce qu’il appelle la réduction des charges – en oubliant que ce sont des cotisations sociales – et les contraintes.
 

[La fin des cotisations sociales] est une bêtise. Non seulement cela va freiner la relance économique mais ça ne créera aucun emploi. Et, en plus, cela va diminuer notre capacité à vivre ensemble par cet outil qu’on appelle le service public. Non seulement François Hollande impose à la nation une baisse des dépenses mais il impose aussi une manière de revisiter les engagements de l’Etat à l’égard des régions. Il annonce ainsi une modulation de la dotation globale de fonctionnement en fonction des politiques régionales.
 

[Concernant les embauches] : il n’y a rien qui l’impose. Le pire, ce sont les outils que François Hollande choisit. Il promet de réduire le nombre de normes. Comment ? Avec un conseil de simplification composé…d’un parlementaire et d’un patron. Quand je dis que c’est Gattaz qui gère le pays ! »

 

Du côté de l’opposition, les violons ont du mal à s’accorder à l’UMP. Jean Pierre Raffarin et Bruno Le Maire se satisfont du « changement de discours » et attendent désormais des actes. Jean-François Copé, lui, se montre beaucoup plus critique. A gauche, Jean-Luc Mélenchon dénonce « un coup de barre à droite ».
 

Jean Pierre Raffarin, sénateur UMP, sur France Culture :
 

« Il faut dire clairement que ce changement de discours est le bienvenu. […] Finalement, le président de la République rejoint une vision lucide de la situation économique mondiale. […] Nous avons besoin d’une politique de compétitivité et de l’offre. […] Mais il est plus à l’aise dans la promesse. Maintenant on l’attend dans l’acte. »
 

Bruno Le Maire, député UMP, sur LCP :
 

« Cela permet de rappeler que François Hollande, pendant 18 mois, s’est trompé. […] Il prend conscience que sa politique va droit dans le mur donc il change de pied et reprend un certain nombre de propositions que nous avons faites. Si ça peut améliorer la situation des Français et créer de l’emploi, tant mieux ! Simplement on est forcé d’avoir des doutes. […] Quel besoin d’aller créer un Observatoire des contreparties, digne de l’économie administré ? On doit faire confiance aux entreprises, aux entrepreneurs, aux commerçants et on leur dit 'je baisse vos charges et puis vous créerai des emplois'. Pas besoin d’un Observatoire! »
 

Jean-François Copé, président de l’UMP, en conférence de presse :
 

« Le tournant social démocrate est une manière de dire que sa politique de gauche est un échec total et qu’il pourrait s’inspirer de celle de la droite. Mais comme toujours derrière les mots, ce sont multipliées les approximations et les ambigüités. François Hollande a fait du François Hollande : des vœux pieux, du flou, des usines à gaz… Il a fait de nouvelles promesses à un moment où les Français attendent des actes, des décisions et de l’action maintenant. »
 

Jean Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, sur RTL :
 

« Je pense que c’est le coup de barre à droite le plus violent d’un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet. C’est une tromperie géante. Il a démarré avec le discours contre la finance qui termine par des cadeaux sans contreparties aux patronats. Il parle d’embauches mais les patrons et les entreprises n’embauchent pas en contrepartie mais parce qu’il y a un carnet de commande. La question est de savoir si le carnet de commande va se remplir ou pas. Et ça c’est une politique qui doit impulser la demande. Hier, nous avons eu la stupeur, nous les hommes de gauche, d’entendre le président tenir des propos économiques de droite comme : l’offre crée la demande […] Nous sommes dans une politique de cadeaux unilatéraux. […] L’Observatoire des contreparties est absurde, il y a un gouvernement, quel besoin d’Observatoire ? »
 

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