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Bayrou-Borloo : le BB de l'Alternative

Publié le  Par Patrick Béguier

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François Bayrou et Jean-Louis Borloo ont porté hier leur nouvel enfant sur les fonts baptismaux. Agenouillés dans leur chapelle, les fidèles de l'UMP prient pour qu'il connaisse une mort prématurée.



    Brice Hortefeux : "Le mariage d'un aveugle avec un paralytique n'a jamais donné naissance à un coureur de fond". Un autre poids lourd de l'UMP : "Borloo se fait avoir. Avec Bayrou, il va être sujet à des violences conjugales !". Jean-François Copé, moins drôle : Bayrou est un "traître". Jean-Pierre Raffarin, beaucoup plus doux : "Pour le moment, le Centre n'a pas fait la preuve d'un potentiel électoral majeur"…
  Entre ironie, rejet et scepticisme, l'UDI et le Modem ont donc eu le courage d'aller jusqu'au bout de leur projet d'union. Il convient de le saluer tant il est vrai qu'ailleurs les divisions, les conflits d'ego, les bisbilles politiciennes alimentent la chronique politique. Et, contrairement à ce que veulent croire ou plutôt nous faire croire, ces têtes pensantes, il reste en France un espace au centre. Lecanuet, Poher, Barre, Giscard ont existé. La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, hypnotisé par le FN, puis la droitisation de l'UMP qu'a voulu incarner Jean-François Copé, brusquement rattrapé par François Fillon, ont provoqué des dégâts dans l'électorat modéré, certes de droite, mais attaché à des valeurs d'humanisme, de tolérance, de solidarité héritées d'un christianisme ou d'un radicalisme qui, après s'être affrontés, curieusement se rejoignent. L'UMP a raison d'avoir peur. Le PS devrait se méfier. Même le FN devrait s'interroger.    Certes, le bébé va être ballotté ! Les élections municipales seront un premier test de bonne santé. L'Alternative parviendra-t-elle à minimiser les problèmes liés aux accords passés entre le Modem et les socialistes dans certaines villes ? Le député de Côte-d'Or, François Sauvadet, avertit le nouveau couple : "Bayrou n'a pas levé toutes les ambiguïtés à Dijon, Paris et ailleurs. J'attends les noces de coton". Et certains membres de l'UDI gardent un profond ressentiment vis-à-vis d'un homme politique qui, venu de leur bord, a franchi le Rubicon pour appeler en 2012 à voter Hollande.
 

Lire : Modem-UDI : une union stratégique pour les Municipales ?

  Mais si ce premier cap est passé, l'occasion pour l'Alternative de s'inscrire durablement dans le paysage politique lui sera fournie par les prochaines élections européennes. L'Europe, c'est le cantique du Centre, ce à quoi il croit profondément. Sans doute, une majorité de Français en profiteront pour marquer leur totale hostilité à Bruxelles, mais la nouvelle alliance pourra alors se prévaloir d'une forte minorité et y bâtir son socle.   Le conquérant et l'aide de camp   De quoi attendre avec plus de sérénité l'élection présidentielle de 2017. Il en faudra de la sagesse et du doigté pour passer ce cap décisif ! Imagine-t-on François Bayrou renoncer à se présenter à un scrutin qui l'obsède depuis tant d'années ? Est-il concevable que Jean-Louis Borloo, qui amène avec lui le gros des troupes, se cantonne au rôle d'aide de camp ? Certains commentateurs se plaisent à souligner que le premier est un hardi conquérant et le second un organisateur, un bosseur, qui a tendance à se dérober au dernier moment devant l'obstacle s'il le juge trop haut, et que, de ce fait, ils sont complémentaires. L'arithmétique n'existe pas en politique et la géométrie y est variable par définition. De la même façon qu'il n'existe aucune Dolto de la politique pour vous apprendre à élever un pareil bébé.   Patrick Béguier est journaliste et écrivain. Il est membre de l'Association des journalistes parlementaires et conseiller éditorial de Paris Dépêches