Session parlementaire : le bilan des grands débats et des polémiques [dossier vidéo] (2/3)
Publié le Par Gaspar S.
La première session parlementaire du mandat de François Hollande a pris fin en juillet. Parisdépêches.fr revient – ici, en vidéos – sur l'année politique écoulée avec un dossier en trois parties. Deuxième volet : le bilan des grands débats et des polémiques pour la session parlementaire 2012-2013.
La session parlementaire écoulée aura été particulièrement agitée, âpre, rude parfois. En cause, le long débat sur le mariage et l'adoption par les couples homosexuels – qui aura tendu les uns et les autres – mais pas seulement. À l'Assemblée nationale, certaines séances de questions au gouvernement ont été le théâtre d'empoignades, de propos vexants et de réactions outrées ; et ce, avant même que ne s'engagent les hostilités sur le mariage gay.
Retrouvez ICI, le bilan des lois votées lors de la première session parlementaire.
Les confrontations ont parfois eu des motifs clairement politiques mais le ton est parfois monté pour des raisons plus futiles comme cette prise de parole – certes – trop longue de Jean-Marc Ayrault. En juillet 2012, le Premier ministre – qui bénéficie, selon le règlement, d'un temps de parole illimité – comptait détailler longuement les orientations choisies pour les mois à venir. Le discours, un peu creux, un peu long, n'a pas plu aux députés UMP. Surtout, l'intervention du chef du gouvernement a empiété sur le temps prévu pour les questions à venir de l'opposition... Celle-ci a donc manifesté son agacement en quittant l'hémicycle. La session parlementaire venait à peine de commencer.
En novembre 2012, c'est au tour de Manuel Valls de faire se lever les députés UMP de leurs bancs. L'opposition ne voulait pas l'acclamer, bien au contraire... Là encore, il s'agissait pour les députés de droite de manifester leur mécontentement. Dans une réponse à une question du député Eric Ciotti qui interrogeait le ministre de l'Intérieur sur sa politique en matière de lutte contre le terrorisme et l'insécurité, Manuel Valls, de mauvaise humeur, a attaqué la gestion de la droite sur le sujet. «C'est vous qui avez échoué et les Français paient dix ans de votre politique de sécurité (…). Le retour du terrorisme, c'est vous !», s'emporte-t-il alors.
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Des propos, tenus le mardi, qu'il regrettera le mercredi, sous les applaudissements de la gauche, après que le droite eût demandé sa démission...
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Même si l'épisode ne revêt pas l'apparence d'une confrontation violente, on se souviendra aussi de la déclaration de Jérôme Cahuzac qui, main sur cœur, jura ne pas avoir de compte à l'étranger. C'était en décembre 2012 et l'enquête n'en était qu'à ses balbutiements. «Est-il exact, monsieur le ministre, que vous avez un compte non déclaré à l'Union des Banques suisses ?», lui demande un député. Jérôme Cahuzac prend la parole sous les applaudissements des élus PS qui, crédules, lui manifestent leur soutien : «Je n'ai pas, Monsieur le député, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger ni maintenant ni avant.» Le 2 avril suivant, il reconnaîtra l'existence de ce compte en Suisse après avoir été demis de ses fonctions.
Il serait vain de détailler les affres du débat sur le mariage et l'adoption par les couples homosexueles. La nature de la loi – «un changement de civilisation», avait prévenu Taubira – a forcément créé une forme de malaise, exacerbé par les rivalités politiques et l'ambiance parfois fiévreuse des longues nuits de travail sous la coupole lumineuse de l'hémicycle.
On retiendra un fait marquant : un début de bagarre, dans la nuit du 3 au 4 avril 2013, en plein examen de la loi Taubira. Les élus débattent depuis plusieurs heures dans le cadre de la deuxième lecture du texte ouvrant le mariage aux couples homosexuels. La fatigue submerge les esprits. Les nerfs lâchent. A l'origine de l'échauffourée, une mimique d'un collaborateur de Christiane Taubira. S'estimant méprisés, les députés de l'opposition exigent réparation. Ils quittent leurs bancs, descendent auprès du gouvernement. Les huissiers ont alors la lourde tâche d'éviter tout contact entre ministres et députés belliqueux. Hervé Mariton, du groupe UMP, expliquera : «À plusieurs reprises, des collaborateurs [du gouvernement] se sont mis à rigoler et se foutent de la figure de l'opposition».
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Plus récemment, c'est l'après-14-Juillet qui a été le théâtre d'une empoignade. Fort inélégamment, le compagnon de Cécile Duflot s'était vanté d'avoir laissé vide la chaise qui lui était réservée dans la tribune ministérielle lors du dernier défilé célébrant la fête nationale. Quelques jours plus tard, le député du Rhône Philippe Meunier – à notre avis, légitimement – a demandé à la ministre si elle était solidaire de la démarche de son ami. Celle-ci, peut-être vexée, s'est alors montrée au bord des larmes tandis que Jean-Marc Ayrault prenait sa défense...
Le 19 juin 2013, au nom de ses collègues, le député Alain Tourret, membre de la majorité, s'était vivement plaint du rythme de travail imposé aux députés et sénateurs pendant le session parlementaire. Dans une «déclaration solennelle» adressée à Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, le député du Calvados a dénoncé «un véritable harcèlement» à l'endroit des députés. «Nos personnes et notre dignité ne sont même plus respectées (…). Les conditions de la sauvegarde de notre santé physique et mentale posent problème : en février, j'ai passé 250 heures à l'Assemblée nationale», a-t-il témoigné, visiblement fatigué.