Hollande confirme le choix de la rigueur lors d'un ''dîner inédit''
Publié le Par Gaspar S.
Au soir du 18 juillet, le président de la République s'est livré à un exercice original. À la Maison des polytechniciens, il a bavardé avec une centaine de journalistes, venus sans micro ni caméra, et précisé la politique qu'il souhaite poursuivre. De ce type de dîner – duquel ne sortiront donc que des propos rapportés – on pourrait penser qu'il n'arrangera pas les conditions du dialogue direct entre le chef de l'État et le pays...
Un off officiel. C'est ainsi qu'on pourrait qualifier le banquet qui s'est tenu hier soir sous les ors de la Maison des polytechniciens, hôtel particulier cossu du VIIe arrondissement, que l'on peut louer pour des mariages et autres soirées dansantes. Hier soir, point de noces à célébrer. Seulement l'occasion pour François Hollande de garder discrètement la parole quelques jours après l'intervention du 14-Juillet – qui n'a pas fait de vagues et durant laquelle rien de neuf n'a été annoncé. À l'initiative de l'Association de la presse présidentielle, une centaine de journalistes-convives se sont donc réunis pour avaler des haricots verts et échalotes à la grenadine, un bouillon de lard fumé et chips de pancetta et boire la parole présidentielle. En somme, «un dîner inédit» selon les mots du président.
François Hollande – nous dit-on – s'est posé en président «réformiste». Il a concédé qu'il existait des «alternatives politiques» mais, visiblement, ce n'est pas celles qu'il entend pratiquer : «la ligne que j’ai choisie est une ligne qui permet les réformes, donc c’est une ligne réformiste (…). Ça serait quoi être plus à gauche en ce moment ? C’est penser que parce qu’on ferait un point de plus de déficit, ça irait mieux ?», a-t-il lancé à l'endroit de ceux qui proposent une politique de croissance par la relance. Il a assuré croire que sa politique de rigueur aboutirait à «des résultats». Et que ceux-ci créeraient les conditions d'un «rebond possible de popularité».
Pour mémoire : Au pays des samouraïs, Hollande brandit à nouveau son sabre contre Bruxelles.
Dans ces temps de crise, Hollande fait le dos rond : «On n’est pas dans la situation de 1997 d’une croissance forte (…). Ce n’est pas l’histoire de la France qu’il faut rappeler, c’est le récit de la France de demain (…), la France dans dix ans.» Un manière de concéder que, si résultats il y a, ceux-ci pourraient, selon lui, ne pas être visibles au cours de son quinquennat – ce qui rendrait particulièrement périlleuse son éventuelle candidature pour une réélection. À ce propos, il indique : «Je ne me préoccupe pas de ce qui se passe dans l’autre camp et dans mon camp personne ne prépare la présidentielle.»
Le président a également renouvelé son optimisme – à court terme – déjà exprimé lors du 14-Juillet : «Nous sommes sortis de la récession (…). On sait qu’il ne se passera rien de grave cet été, même si la phase de croissance ne viendra pas avant 2014.» Un croissance qu'il se refuse à provoquer par la relance. Sur ce point, son voyage au Japon – pays de l'Abenomics – ne l'aura pas converti. D'ailleurs, sur la question des déficits, François Hollande est désormais silencieux quant au rôle de la Commission européenne – qu'il avait virilement attaquée au printemps... Sur le style enfin, le président de la République a concédé que le temps de la présidence normale était révolu. Attendons donc de voir en quoi va consister la nouvelle anormalité du président.
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