François Hollande rate son oral sur M6
Publié le Par Patrick Béguier
Son intervention devait être avant tout pédagogique. Malheureusement, François Hollande s'est montré dimanche soir plutôt brouillon. Pas de quoi augmenter notre capital de confiance !
Le coup médiatique avait été soigneusement préparé : parler clairement, simplement, dans une émission, "Capital", sur M6, supposée attirer un public de CSP+ et de jeunes. Le président de la République daignait se rendre sur un plateau de télé pour s'exprimer en commentateur averti sur le thème "La France en panne : comment faire sauter les verrous ?" et, bien sûr, démontrer, à partir de là, le bien-fondé de sa politique économique et sociale. Il pouvait espérer atteindre plus de 3 millions de téléspectateurs. La chaîne, en se privant de ses coupures de publicité habituelles, faisait un gros sacrifice : un manque à gagner d'environ 300 000 euros !
Las ! la note qu'on peut lui donner après cette prestation frise tout juste la moyenne. Poussé à s'expliquer par un journaliste plus pointilleux qu'agressif, François Hollande s'est contenté de formules vagues ou passe-partout. Son arithmétique était parfois laborieuse : "1 euro économisé ne sera pas 1 euro prélevé", "1 euro sur la faude fiscale ne sera pas 1 euro prélevé"… Pour les retraites, "tout le monde fera des efforts". Mais encore ? "Il faut avoir un temps d'avance", a-t-il assuré. Mais comment avancer ?
Il a fui les détails
Le problème est là : le président de la République a fui les détails, s'est contenté le plus souvent de soulever sa boîte à outils.
Le ton lui-même était loin de celui adopté lors de sa dernière conférence de presse. Comme une lassitude devant le long chemin qu'il reste à parcourir ! "Je comprends les impatiences" a-t-il déclaré avant d'ajouter peu après : "Le résultat tarde trop à apparaître". François Hollande serait-il le premier à s'impatienter ?
Enfin, en dehors des mesures annoncées pour re-dynamiser le marché immobilier, aucune grande annonce n'a été faite. Il a confirmé, confirmé, sans préciser. Il a contourné l'obstacle sitôt qu'il a jugé trop risqué de le franchir. Pour les professions réglementées, pour le jour de carence des fonctionnaires, par exemple.
Et, dans ce grand oral, un seul trait d'humour. Lorsque le journaliste de M6 a demandé à Hollande de commenter le sujet de philosophie qu'avait eu à traiter le jeune François pour son Bac ("Peut-on changer une société sans son consentement ?"), il s'est vu répondre : "L'important, c'est d'avoir le consentement… à la fin".
Patrick Béguier est journaliste et écrivain. Il est membre de l'Association des journalistes parlementaires et conseiller éditorial de Paris Dépêches.