Présidentielle : Nicolas Sarkozy a présenté ses voeux à la presse.
Publié le Par Jennifer Declémy
L'image était terrible pour la profession, et pourtant en 2007 la connivence entre Nicolas Sarkozy et la presse était une réalité souvent dénoncée. Aujourd'hui pourtant les relations sont exécrables, et les voeux à la presse hier étaient donc l'occasion pour le président de renouer avec le milieu journalistique.
C’étaient les derniers de son quinquennat et on ne pourra que s’en féliciter tant l’exercice est long et laborieux. Les vœux d’hier étaient cependant très intéressants dans la mesure où ils mettaient en scène les journalistes, meilleurs amis devenus meilleurs ennemis ces cinq dernières années de Nicolas Sarkozy. Troisième du genre depuis qu'il est Président, l'exercice fut ironique et presque cruel envers la profession.
"Imaginez un monde où la presse ne se tromperait pas !". Indubitablement Nicolas Sarkozy a livré des voeux inédits hier, comparant sa relation avec la presse avec celle "d'un vieux couple" qu'il essaie de séduire à nouveau aujourd'hui. Mais au-delà de l'ironie par rapport à une presse qui se montre volontiers critique depuis qu'il exerce le pouvoir présidentiel, c'est une certaine condescendance qu'il a aussi exprimée, promettant à ceux "qui essayaient déjà de le remplacer" qu'ils auraient bien des surprises dans les prochaine mois, et qu'il ne fallait pas l'enterrer de si vite. Reproche sans doute adressé à certainx journaux et magazines qui ont fait régulièrement leurs unes sur sa possible défaite en mai prochain.
Mélange de reproche, d'ironie et de paternalisme, les voeux à la presse surprirent beaucoup de monde hier, d'autant plus que l'exercice n'avait pas eu lieu depuis longtemps. Alors qu'il avait promis en début de mandat des conférences de presse régulières, l'exercice n'a eu lieu que trois fois depuis son élection, tant les voeux précédents avaient mal tourné, comme en 2008 quand Nicolas Sarkozy agressa presque le journaliste Laurent Joffrin.
"Ce que je souhaite, c'est une année 2012 où on ne s'ennuie pas", a lancé, taquin, le chef de l'état, qui a donc essayé hier de revigorer les journalistes comme il avait pu remotiver les parlementaires UMP au matin. Alors que tout le monde, même dans son propre camp, le croit déjà mort et enterré, lui veut encore y croire et se montre persuadé de sa victoire. Promettant d'imposer de nouvelles idées lors de la future campagne présidentielle, il a encore une fois très clairement fait comprendre qu'il était candidat.
Dans un registre plus traditionnel, le chef de l'état rendit hommage aux journalistes décédés dans l'exercice de leur fonction, tout en louant le travail de la presse, indispensable dans un pays démocratique, mais qu'il ne définit cependant pas comme un "quatrième pouvoir". Ne sortant cependant jamais réellement de ses travers, le président sortant se permit de rappeler que sous son quinquennat, 580 millions d'euros avaient été accordés à la presse. Un journaliste présent dans la salle aurait pu lui répondre que durant son mandat, la France avait dégringolé dans les classements de pays respectant la liberté de la presse.