Mariage homosexuel : et maintenant ?
Publié le Par Gaspar S.
Certains opposants au mariage et à l'adoption par les couples de même sexe ont dit avoir manifesté pour la dernière fois le 26 mai. Beaucoup entendent poursuivre le combat.
«La Manif' pour tous n'existe plus en tant que telle». Frigide Barjot, un temps l'un des moteurs de la mobilisation contre la loi Taubira, l'a dit. Une fois le texte sur le mariage gay adopté et signé par François Hollande, la lutte ne peut avoir le même visage que pendant le déroulé des débats parlementaires. Après le succès populaire du rassemblement du 26 mai, le combat contre la loi Taubira connaît un moment de flottement.
«On ne pourra pas démarier ou désadopter», avait ainsi estimé Nathalie Kosciusko-Morizet – qui s'était abstenue lors du passage du texte devant l'Assemblée nationale. Or, la première union d'homosexuels est prévue pour demain, 29 mai, à Montpellier. Alors que le gouvernement avait évoqué la période de «début juin» pour voir les premiers mariages homosexuels. La cérémonie devrait par ailleurs se dérouler en présence de Najat Belkacem, ministre du Droit des femmes et porte-parole du gouvernement.
«On ne lâche rien»
Frigide Barjot, qui n'a pas manifesté le 26 mai, n'est cependant pas représentative de l'esprit général qui règne dans le collectif de la Manif' pour tous. «Nous poursuivrons le combat partout en France !», a déclaré depuis les Invalides la présidente du mouvement qui n'est pas Frigide Barjot mais Ludovine de la Rochère. Selon cette dernière, la manifestation du 26 n'est «ni un point d'orgue ni un baroud d'honneur, mais bien le passage historique d'un mouvement spontané d'opposition à un projet de loi à un grand mouvement de résistance durable». Voilà qui est dit.
Au Printemps français – expression chipée à Nicolas Dupont-Aignan –, le slogan «on ne lâche rien» semble plus que jamais à l'ordre du jour. Béatrice Bourges, porte-parole du mouvement, a dit vouloir poursuivre des actions de contestation. Mais elle a prévenu : «Je rejette les actions contre les personnes.» En conséquence, le Printemps français ne s'associera pas à d'éventuelles mouvements qui viseraient à perturber les prochains mariages gays.
Pour mémoire : La Manif' contre le mariage gay du 26 mai sera-t-elle celle de tous les dangers ?
Sur le plan politique, le discours est parfois différent. Jean-Français Copé a dit manifester «pour la dernière fois» le 26 mai. Il veut maintenant transformer «l'engagement sociétal en engagement politique». Aux adhérents du parti qu'il préside, il a écrit une lettre : «je vous demande d'appeler ces millions de Français qui se sont mobilisés dans un engagement sociétal à le transformer en engagement politique pour défendre leurs convictions, en rejoignant l'UMP (…). Le rendez-vous suivant sera dans les urnes lors des élections municipales.»
«Protester indéfiniment»
Ainsi, pour l'UMP, plus de mobilisation sur le sujet avant les élections de 2014. Si, en tout début de mobilisation, François Fillon avait dit, depuis l'Assemblée, vouloir revenir sur la loi en cas de retour de son parti aux affaires, beaucoup, comme NKM, ont estimé impossible de revenir sur le texte une fois celui-ci mis en application, ainsi Bruno Le Maire ou Benoist Apparu – qui a voté pour le texte.
Le 27 mai, Marine Le Pen avait assuré que les manifestations ne pourraient «pas perdurer». Contrairement à Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, la présidente du Front national n'a jamais défilé contre le loi, montrant du doigt «le leurre du gouvernement» pour cacher ses échecs sur les sujets économiques. «Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que l’affaire du mariage homosexuel», a ainsi affirmé Marine Le Pen.
Deux jours avant la Manif pour tous du 26, le député Henri Guaino, lui, s'était dit prêt «à protester indéfiniment». «La différence entre une société libre et une tyrannie, c’est que dans une société libre, on a le droit de manifester», avait-il assuré.