Accueil |  Qui sommes-nous |  Contact


Les Français entre peur et fantasme

Publié le  Par Patrick Béguier

Crédit image ©


Les Français redoutent une explosion sociale, dit un sondage. Les Français veulent un gouvernement d'union nationale, nous dit un autre. L'un explique l'autre ?

 

Les vrais sondages de popularité de François Hollande sont là ! Le premier condamne l'action du président de la République. Le second est un appel au secours devant l'impuissance de son gouvernement.

Il faut se garder de lire ces enquêtes comme les pages d'un ouvrage de référence. Ils reflètent l'opinion à un instant t. À t+1, elle aura changé. Mais reconnaissons que les pourcentages qui viennent d'être délivrés donnent le vertige : 70% de nos concitoyens - impressionnés sans doute par la multiplication des conflits sociaux et les manifestations contre le mariage pour tous - craignent que la France ne s'embrase ; 78% d'entre eux seraient favorables à un gouvernement d'union nationale. La peur et le remède à cette peur ?
Hélas, non ! Leur rêve est un fantasme. Il faut des circonstances exceptionnelles pour qu'une telle solution s'impose : une guerre ou l'écroulement dramatique d'un pays. Nous n'en sommes pas là. Que les oiseaux de malheur regardent plutôt du côté de la Grèce !

Imaginons, néanmoins, qu'un tel mécanisme soit mis en œuvre. Qui pourrait incarner cette "union nationale " ? François Bayrou ? Le voit-on s'emparer de l'exécutif, puissamment lancé par les maigres troupes du Modem ? Son rêve, à lui, ne peut pas être réalisé à partir de notre  réalité, à nous.

 

Cherchons centre de centre…


Imaginons encore qu'un leader charismatique (vous en voyez, vous ?) s'empare des manettes. Sur quel accord établira-t-il ses grandes orientations ? François Fillon, dans Les Échos, propose benoîtement "une politique qui soit centrale". Comment peut-on avancer sur une ligne centrale quand votre jambe droite contrarie sans arrêt votre jambe gauche ? Déséquilibre garanti ! Quant au centrisme, aucun politologue ne s'aventure à le définir sauf à le qualifier immédiatement "de droite" ou "de gauche". Le centre "de centre" reste introuvable.

Un gouvernement d'experts, alors ! On ne tardera pas à les faire passer sous les fourches caudines de la politique politicienne et, de toute façon, il n'existe pas d'experts neutres et objectifs, les sciences politique et économique n'atteignant jamais la pureté géométrique.

Demandons plutôt à la majorité de faire honnêtement et courageusement son boulot et à l'opposition de réagir de manière constructive. Chacun à sa place, avec toute sa place. Des propositions hardies pour sortir de la crise, moins d'invectives, moins de bashing !