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Cahuzac : de l'ombre à la lumière… artificielle

Publié le  Par Patrick Béguier

Crédit image © Parti socialiste via Flickr


Beaucoup dans les rangs de la majorité espéraient que l'interview exclusive accordée par Jérôme Cahuzac à BFM-TV allait enfin abattre le vent mauvais de la crise politique qui secoue l'Elysée et Matignon depuis de trop longues journées. L'ex-ministre annoncerait officiellement sa démission de l'Assemblée nationale. Ouf ! Il baisserait la tête devant la France entière en remettant son sort entre les mains aussi pures qu'expertes d'une justice indépendante. Re ouf !
Hélas, les Français ont été les spectateurs d'une superbe opération de communication qui, sous l'apparence d'une confession à l'américaine - type champion cycliste repenti - visait à lui donner une chance de rebondir. "J'espère que viendra le moment où le jugement sera moins dur", a-t-il dit. Mais de révélations, aucune ! J'ai menti, j'ai commis une faute, a-t-il répété à tout instant, dans une litanie du pardon imploré, le visage gravé dans une cire qui suintait sous les projecteurs au point de vous mettre mal à l'aise. Certains ont pu s'y tromper ou ont voulu donner l'impression qu'ils avaient vécu l'heure de vérité d'un homme évoquant sa "part d'ombre". Jean-Marc Ayrault a été de ceux-là. "J'ai trouvé qu'il y avait un côté un peu pathétique", a confié le Premier ministre sur les ondes de France Inter, après avoir assuré qu'il n'avait "pas regardé jusqu'au bout". D'autres responsables socialistes ont semblé plus lucides. "On ne peut sortir d'une situation comme celle-là que par une vérité totale, sans tactique ni technique de communication", a plaidé sur LCI Bertrand Delanoë, le maire de Paris.

"Peau de banane"

Mais il y a plus grave pour l'actuelle majorité et le président de la République. Jérôme Cahuzac a glissé une phrase lourde d'interrogations sur le fonctionnement de nos institutions politiques. "J'ignore quel était son degré de connaissance de cette affaire", a-t-il affirmé à propos de François Hollande. Autrement dit, rien n'est clair ou, selon le mot à la mode, transparent, en dépit des affirmations d'innocence (ou de naïveté ?) des uns et des autres. L'opposition s'est ruée aussitôt dans la brèche. Jean-François Copé, président de l'UMP, s'est inquiété de voir que "beaucoup de zones d'ombre" n'avaient pas été levées. Sur RTL, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est étonné de la situation, avec son habituelle malice : "Comment se fait-il qu'à ce niveau-là, personne n'ait informé le président ? L'exécutif doit nous dire où est le dysfonctionnement"…
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, après avoir jugé que "ce moment ressemblait à de la téléréalité", a vu juste quand elle a estimé que ce bout de phrase était une "peau de banane" sous les pieds de François Hollande. Un peu curieux, cependant, la conclusion qu'elle en tire. Selon elle, ce propos exonérerait le président de la République de "toute forme de complicité passive" !

Mais peut-être que Jérôme Cahuzac a menti en évoquant son "ignorance" et ce "degré de connaissance" ?
Allez savoir avec lui !