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Collectivités territoriales : il est trop bon le mille-feuille !

Publié le  Par Patrick Béguier

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Les Alsaciens ont voté contre la création d'une collectivité territoriale unique. Un mauvais signe envoyé à ceux qui veulent réduire l'épaisseur du mille-feuille maison.

Le choc de simplification annoncé par François Hollande pour les papiers n'aura guère son équivalent pour les territoires.

Sitôt que vous interrogez un responsable politique, de gauche comme de droite, il se plaint (au creux de votre oreille, car on n'est jamais trop prudent !) de l'empilage, déconcertant pour les administrés et fort coûteux pour les contribuables, de nos collectivités territoriales : communes, intercommunalités, départements, régions et métropoles. La France compte environ 40 000 structures administratives distinctes de l'appareil d'État pour un budget global de 240 milliards d'euros. Une paille !

Mais sitôt revenu sur son… territoire, le même élu vantera les mérites et l'efficacité de la collectivité à laquelle il appartient et que, le plus souvent, il dirige. Il ne parle pas à Paris comme il parle à Besançon. Il est trop bon le gâteau ! Faut pas gâcher ! Surtout que l'on ne sait pas vraiment quoi mettre en vitrine à la place et que les pâtissiers ne savent pas trop comment pétrir la pâte. Nicolas Sarkozy n'en a pas gardé un bon souvenir et ses "conseillers territoriaux" ont disparu du paysage avant même d'être élus. Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique, vient, à son tour, nous présenter son projet. Un "Acte III" re-découpé (surprise !) en trois textes distincts portant respectivement sur les métropoles, les régions et la clarification des compétences. Espère-t-elle ainsi éviter à nos élus de s'étouffer en absorbant la nouvelle pâtisserie ?

On se demande même s'ils voudront la goûter. Retour en Alsace. Certes, le contexte politique national n'incitait pas, le 7 avril, à un déplacement en masse des citoyens pour un référendum local. Mais il faut dire que tout a été fait pour qu'ils soient désinformés et perturbés. Les clochers des églises de Colmar et de Mulhouse ont soudain voulu dépasser les 142,11 mètres de la cathédrale de Strasbourg. Une querelle difficilement avouée entre Haut-Rhin et Bas-Rhin et, au final, un superbe gâchis. Le laboratoire exemplaire où devait s'effectuer la fusion des institutions territoriales restera désespérément vide. Les responsables politiques qui espéraient s'appuyer sur ce référendum pour proposer, ailleurs en France, de courageux projets de simplification administrative n'auront plus qu'à retourner chez le pâtissier.