Marine Le Pen reprend la main.

 

Après une rentrée politique discrète et ratée, la présidente du Front national a repris la main ce matin grâce au journal le Monde, à qui elle a accordé un entretien dans lequel elle réclame l’interdiction du voile et de la kippa dans les espaces publics, suscitant ainsi des réponses immédiates de la part du pouvoir socialiste et des instances religieuses, qui bien entendu dénoncent de tels propos. Mais au-delà de la polémique classique et récurrente dans le parti d’extrême-droite, l’interview de ce matin servait davantage pour Marine Le Pen à reprendre la main sur la scène publique, après une rentrée politique totalement ratée.

 

Ratée parce que, tout d’abord, elle est survenue bien plus tard que celle de toutes les autres figures de l’opposition. L’UMP et Jean-Luc Mélenchon sont en effet rentrés dès la mi-août pour dénoncer l’inaction gouvernementale, le traité budgétaire européen pour le second et les décisions prises depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir. Or Marine Le Pen a attendu début septembre, une fois que tous les opposants étaient déjà confortablement installés dans leur rôle et avaient affûté leurs arguments. Autrement dit, débarquant comme un cheveu sur la soupe, la leader de l’extrême-droite n’a pas su trouver un angle d’attaque différent et percutant pour reprendre le leadership de l’opposition au pouvoir socialiste.

 

C’est donc à la veille des universités de rentrée du Front national, à la Baule, que Marine Le Pen a voulu reprendre la main sur l’opposition, et justement le contexte actuel lui offre des arguments sur un plateau d’argent. Les manifestations islamistes dans le monde, la polémique sur Charlie Hebdo et la manifestation la semaine dernière près de l’ambassade américaine à Paris ont permis à la députée européen de ressortir de ses tiroirs ses propos islamophobes, de les mettre à la une du quotidien le plus lu de France et d’ainsi obliger le pouvoir en place à réagir, dans le sens qu’elle attendait, à savoir une condamnation nette et ferme de ses propos. Mais c’est surtout en obligeant le chef de l’état, directement, à lui répondre, que Marine Le Pen reprend la main dans le débat politique en imposant ses thématiques xénophobes. Reste à savoir maintenant si ces provocations vont permettre à la cheftaine de l’extrême-droite française de reprendre durablement la main.