Si je plaide on doit clairement distinguer l’avocat du député affirme Denys Robiliard
Publié le Par Julie Catroux
Entretien avec Denys Robiliard, député socialiste du Loir et Cher élu le 17 juin dernier. Tour d'horizon de cet avocat qui souhaite privilégier son mandat de député et servir ses électeurs.
Entretien avec Denys Robiliard, député socialiste de la 1ère circonscription du Loir-et-Cher et avocat au barreau de Blois. Conseiller municipal de la ville de Blois entre 1989 et 2001, il devient adjoint au maire, Marc Gricourt, en charge de l’Urbanisme et du Projet de rénovation urbain. En vertu du non-cumul des mandats, Denys Robiliard a démissionné de son poste d’adjoint au maire au lendemain de son élection au Palais Bourbon.
Pour quelles raisons voulez-vous arrêter progressivement votre profession d’avocat ?
Je ne veux pas arrêter totalement car il y a un attachement à certains clients que je défends depuis de nombreuses années, je ne peux pas les abandonner du jour au lendemain. L’objectif est d’accompagner les derniers clients. La notion d’intuiti personae est importante à mes yeux.
Nous sommes 3 à 4 personnes au sein du cabinet et mon seul objectif est que celui-ci ne s’effondre pas.
Comment organisez-vous vos semaines entre votre profession et votre mandat de député ?
Je vais consacrer 4 à 8 heures par semaines à l’exercice de ma profession initiale au sein de mon cabinet à Blois, dans le Loir et Cher et les mardi, mercredi et jeudi je me rendrai à l’Assemblée nationale à Paris.
Peut-il exister des conflits d’intérêts entre votre profession d’avocat et votre mandat de député ?
Si je plaide on doit clairement distinguer l’avocat du député. La déontologie est double dans ce cas.
Ce qui est critiquable c’est d’essayer de modifier le droit positif grâce à sa fonction de député. Le plus gênant c’est la confusion des genres.
Après que dans l’exercice de ma fonction j’utilise mes compétences juridiques c’est tout à fait normal. Souhaiter changer les anomalies n’est pas quelque chose de malsain.
Vous êtes membre de la commission de Affaires sociales. Etait-ce un choix de votre part ?
Devenir membre de la commission des affaires sociales a été en effet un choix de ma part. Président de la section française d’Amnesty International, le droit des étrangers m’a toujours passionné et c’est naturellement que j’en suis venu à choisir cette commission.
Quel regard portez-vous sur les députés qui conservent leur métier initial ?
Les députés doivent garder les pieds sur terre et conserver sa profession permet d’entretenir des relations qui maintiennent cet enracinement, indispensable selon moi, dans la circonscription.
Continuer à garder un rapport avec le tissu économique et social est essentiel. Etre encore actif permet ainsi de voir les réels problèmes des citoyens. Par exemple, être en contact avec des associations permet un réel face à face avec les personnes qui ont des problèmes. C ‘est une belle dose de réalisme.
Pour ma part, mon problème est de ne pas être malhonnête avec mes électeurs et d’être responsable face à mes clients. Ce qui est important c’est qu’on n’aille pas voir un avocat parce qu’il est député.
Que pensez-vous d’une possible réforme sur le cumul des rémunérations ?
On peut réfléchir à savoir quelles rémunérations sont ou non compatibles. Mais il faut garder à l’esprit qu’il y a des rémunérations dans les professions libérales et économiques qui peuvent être très différentes.