Le gaz de schiste, point de rupture entre le PS et EELV ?
Publié le Par Jennifer Declémy
Question qui resurgit depuis quelques semaines dans le débat public, et qui pourrait être tranchée lors de la prochaine conférence gouvernementale, l'exploitation du gaz de schiste constitue LA possibilité de rupture entre socialistes et écologistes.
Les divergences entre socialistes et écologistes se sont fait croissantes ces dernières semaines. Démantèlement des camps de Roms, traité budgétaire européen, nucléaire ou encore gaz de schiste, les sujets ne manquent pas, mais un en particulier pourrait bien remettre en question l’accord de gouvernement passé entre le Parti socialiste et Europe Ecologie : le gaz de schiste, débat que Jean-Marc Ayrault déclare ne pas vouloir trancher pour le moment, ce qui inquiète déjà grandement le parti vert, mais aussi les associations anti-gaz de schiste.
Durant la campagne présidentielle, et encore durant ses vacances à Brégançon, le président Hollande a réitéré l’opposition de son exécutif à l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique. Oui mais voilà, sa ministre de l’environnement Delphine Batho et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault ne veulent pas clore définitivement le débat et se déclarent ouverts à une exploitation du gaz de schiste devenant possible avec une nouvelle méthode d’extraction non dangereuse pour l’environnement. Un comble pour les écolos qui veulent engager la transition écologique qui ne passe certainement pas par le gaz de schiste pour ces élus et militants.
« Je ne vois pas comment on peut reprendre ça avec une fracturation hydraulique dite propre » fulmine Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie spécialiste de ces questions, qui rappelle que « ce n’est pas seulement la fracturation hydraulique qui est en cause, mais aussi et surtout les émissions de gaz à effet de serre » qui résultent de l’exploitation du gaz de schiste. « Ca pénalise l’eau, l’air, la qualité de vie » insiste la députée qui dénonce une « vision à court terme » de ceux qui militent en faveur du gaz de schiste.
Si l’opposition d’Europe Ecologie au gaz de schiste est connue depuis longtemps, celle du Gouvernement est en effet plutôt fluctuante, et c’est bien ce qui inquiète les verts. Après un rappel du patron des verts, Pascal Durand, dans une interview au JDD que « le gaz de schiste est une ligne rouge pour la société » et qu’il ne faut surtout pas « se laisser influencer par les discours faussement scientifiques d’un certain nombre de lobbys industriels », le Premier ministre a néanmoins confirmé ce week-end que la question serait débattue lors de la conférence environnementale du mois de septembre.
Michèle Rivasi, qui a interpellé la ministre de l’environnement sur cette question durant les journées d’été des verts à Poitiers, s’avoue inquiète par la direction que semble prendre le Gouvernement et prévient que si l’exécutif rompt avec la loi votée en 2011 interdisant la fracturation hydraulique sur le sol français, cela constituerait une « rupture » entre le Parti socialiste et Europe Ecologie. Une position que partagent un certain nombre de responsables verts qui doivent déjà manger leur chapeau sur le nucléaire mais ne pourraient pas faire l’impasse sur une reprise de l’extraction du gaz de schiste.
Si des garanties vont être demandées par les écologistes et les associations concernant le gaz de schiste, et notamment tout ce qui est relatif à la santé et l’énergie, le problème fondamental reste celui de la transition écologique, dont les socialistes et les verts n’ont pas la même vision. « Ils n’ont pas de vision globale » déplore Michèle Rivasi qui plaide pour davantage de « volontarisme » de la part de l’exécutif socialiste. « Il faut les pousser pour aller plus loin » constate-t-elle avec dépit.