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UMP : Bruno Le Maire, seul candidat déclaré accompagné d’un programme.

Publié le  Par Jennifer Declémy et Julie Catroux

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Portrait du candidat à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire, seul candidat déclaré qui, pour le moment, offre également un programme politique aux militants de son parti.

Ils sont pour le moment quatre à concrètement se lancer dans la campagne pour la présidence de l’UMP, mais un seul peut se targuer d’avoir à disposition un programme politique à proposer aux militants en novembre prochain. Si Jean-François Copé et François Fillon se contentent d’une querelle d’hommes sans opposer énormément de divergences politiques, et si Nathalie Kosciusko-Morizet se lance dans la bataille principalement pour exister et peser sur l’avenir de son parti, Bruno Le Maire lui se présente pour présenter un projet axé autour de quatre grandes orientations qui dessinent le contour d’une nouvelle droite plus moderne et audacieuse.

 

Il fait partie de cette catégorie d’hommes qu’on pourrait qualifier de gendre idéal. Doté d’une intelligence rare, Bruno Le Maire a effectué jusqu’ici un parcours sans faute : reçu troisième à Normal sup et premier à l’agrégation de lettre, il intègre par la suite Sciences Po Paris puis l’ENA. A sa sortie de la prestigieuse école d’administration, ce fils d’un cadre de Total et d’une enseignante du primaire, va entrer dans le monde fermé de la politique par la grande porte. Alors que ses camarades rêvent de travailler avec le premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, Bruno Le Maire se dirige vers Dominique de Villepin. Suivant les conseils du secrétaire général de l’Elysée, il entre à la Direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement au ministère des Affaires étrangères. Son ascension politique commence.

 

 

Fidèle à celui qui lui a ouvert la voie royale, Bruno Le Maire se greffe au parcours de Dominique de Villepin et entre au ministère de l’intérieur en mars 2004 puis à Matignon en mai 2005 où il devient conseiller politique du premier ministre et enfin son directeur de cabinet en 2007. Homme de lettres et de savoir, ce politique s’adonne également à l’une de ses passions : l’écriture. Auteur d’un livre à succès « Des hommes d’Etat » qui relate les anecdotes de ses années à Matignon, il a également publié trois autres ouvrages dont un roman, « Musique absolue » qui paraît à la fin du mois.

 

On l’aura bien compris, ce politique est doué. Mais pas seulement. Fin connaisseur de l’Etat, il est également apprécié de ses pairs pour sa finesse d’esprit et son humour. « C'est un techno atypique : il a le profil brillant du haut fonctionnaire doublé d'un bon vivant qui est pas le dernier à raconter des conneries » affirme le député UMP Benoist Apparu. Adhérant à l’UMP en 2007, il est élu la même année député de l’Eure et succède à Jean-Louis Debré devenu président du Conseil constitutionnel. Fustigé par ses adversaires qui lui reprochent d’avoir été parachuté dans ce département, Bruno Le Maire ne baisse pas les bras et continue à gravir les échelons.

 

Si en 2008 il est nommé secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes à la place de Jean-Pierre Jouyet parti à l’Autorité des marchés financiers ce n’est qu’un an plus tard que la consécration arrive. Profitant d’un remaniement ministériel, celui qui s’imaginait enseigner la philosophie deviendra finalement ministre de l’agriculture. L’entrée au gouvernement de cet ancien proche de l’ancien premier ministre devient l’un des sujets favoris dans les plus hautes strates de l’Etat. La nomination de ce brillant technocrate à la tête d’un ministère est-elle une façon pour Nicolas Sarkozy de défier son ennemi juré, Dominique de Villepin ? La décision n’a pas du être simple à prendre pour ce jeune politicien fidèle. Cependant, n’ayant plus le droit de voir son « mentor » depuis une décision de justice de juillet 2007 dans l’affaire Clearstream, Bruno Le Maire n’avait d’autre choix que d’accepter cette proposition en or. Mais pour certains, cette nomination n’est qu’une conspiration de la part de Nicolas Sarkozy. « Dans la tête de Sarkozy, prendre un type de Villepin a forcément été intégré dans l'équation » a souligné un député chiraquien tandis qu’un villepeniste rétorque « si les sarkozystes considèrent que Le Maire est un trophée de guerre, c'est une conception de la politique qui n'est pas la nôtre ».

 

A seulement 42 ans, Bruno Le Maire a su s’imposer dans le paysage français en exprimant une conception personnelle de la politique et en affirmant des idées bien tranchées. Il a notamment été en désaccord avec la droitisation de la campagne présidentielle du président sortant et a été relativement absent de cette campagne. Alors même s’il annoncera officiellement sa candidature à la présidence de l’UMP qu’à la fin du mois d’août, ce technocrate chevronné  a déjà présenté ses principales ambitions pour le parti de l’opposition…

 

Economie, autorité, exemplarité et Europe : tels sont les quatre piliers autour desquels l'ancien ministre de l'agriculture dévoile un projet politique basé sur de nombreuses propositions déjà connues à droite, mais beaucoup d'autres qui sont bien plus innovantes et qui dessinent le futur possible d'une droite actuellement en quête de valeur et de leadership.

 


Bruno Le Maire : "Je trouve ça écoeurant que des... par rtl-fr

 

L'exemplarité tout d'abord : contrairement à la plupart des responsables de son camp politique, Bruno Le Maire est en faveur du non-cumul des mandats et se dit prêt à voter une loi dans ce sens. Lui-même d'ailleurs n'occupe actuellement qu'un seul mandat politique, celui de député de l'Eure. D'ailleurs, dans un entretien à Mediapart, le candidat à la présidence est très clair : "dans l'exemplarité politique, il y a la parité. Mais il ne suffit pas simplement d'imposer la parité avec des statuts, il faut organiser les conditions qui, concrètement, permettront de la mettre en place : rompre avec la logique du cumul des mandats et imposer les règles de renouvellement. Il faut créer de l'air".

 

Pour mettre en place cette exemplarité politique, le député UMP prône "une nouvelle organisation des pouvoirs en France. Une administration plus simple (....) la revalorisation du statut du parlementaire. [Mais] cette exemplarité politique doit être appliquée par tous ceux qui ont une parole publique (journalistes, sportifs, chefs d'entreprise etc)". D'ailleurs, à l'annonce du salaire mirobolant de Zlatan Ibrahimovic, nouvelle recrue du PSG, Bruno Le Maire a fait part de sa désapprobation quant à l'octroi d'un salaire de 14 millions d'euros par an à un simple footballeur.

 

Germanophile dans l'âme, Bruno Le Maire est aussi un fervent partisan de l'Union Européenne dont il estime qu'elle doit aller bien plus loin dans le fédéralisme. Constatant que "la France est absente du débat sur la construction européenne", l'ancien ministre plaide pour la rédaction d'une constitution politique européenne avec la mise en place notamment d'un ministre des finances européen "chargé de coordonner les politiques économiques et de garantir la discipline budgétaire en Europe", mais aussi d'un ministre de l'intérieur européen "qui serait responsable de la sécurité extérieure de l'Union".

 

 

Mais le dada de Bruno Le Maire, c'est aussi et surtout l'économie et l'état des finances publiques, thème qu'il estime central dans la vie politique actuelle. Alors qu'il proposait certaines pistes tout à fait nouvelles pour la rédaction du projet présidentiel de 2012 pour l'UMP, mais qui n'ont pas été reprises, pour sa propre campagne à la tête de l'UMP, l'ancien villepiniste continue de lancer des idées pour réduire les dépenses publiques tout en retrouvant de la compétitivité. "Nous avons verouillé l'emploi en ajoutant des règlementations et contraintes administratives aux PME, aux artisans, aux commerçants, aux jeunes arrivant dans la vie active. Il faut trouver le bon équilibre entre un allègement des règles et un meilleur accompagnement et une meilleure formation des salariés" proclame-t-il ainsi.

 

Enfin le presque candidat à la tête de l'UMP affirme certaines ambitions en matière d'autorité qu'il serait nécessaire de retrouver dans la société française. Ainsi, "en matière d'application des peines, d'autorité des professeurs, de contrôle des flux migratoires, la règle n'est plus respectée" constate-t-il avec amertume, prônant des règles plus strictes concernant le droit d'asile et le rapprochement familial. Dans le premier domaine il propose de "réformer le droit d'asile pour que la procédure ne dure pas 18 mois - cela aboutit à des situations inhumaines - mais à six mois".

 

Sur des questions sociétales Bruno Le Maire affirme également sa différence avec la majorité des membres de son parti, sur le mariage gay par exemple, en se montrant bien plus circonspect et en déclarant "poursuivre ma réflexion en consultant les associations familiales, les représentants des associations homosexuelles, les spécialistes de la vie familiale". Peu enclin à formuler un jugement à l'emporte-pièce, l'ancien ministre réclame pour toute chose de la mesure même si ses convictions sont bien souvent affirmées.

 

Candidat atypique à la présidence de l'UMP à l'heure où ses petits camarades se contentent de se taper dessus sans offrir le moindre programme et/ou la moindre idée innovante pour régénérer une droite contaminée par la lepénisation sarkozystes, Bruno Le Maire fait clairement figure d'outsider, mais en dévoilant ses ambitions aussi tôt, il se prépare clairement à jouer un rôle important dans l'avenir de la droite républicaine en France. Ce qui n'est sans doute pas pour déplaire à ses ambitions personnelles...