UMP-FN : quelle alliance ?
Publié le Par Jennifer Declémy
Alors que le FN se maintient dans une soixantaine de circonscriptions et menace certains candidats de la droite, la digue morale et républicaine qui existait entre les deux partis est en train d'exploser en plein vol.
L'ancien ministre Michel Noir proclamait qu'il valait mieux perdre des élections que de perdre son âme en s'alliant avec le Front national. Malheureusement pour l'UMP, aucun des dirigeants actuels ne semble être aussi courageux que cet ancien élu et après une campagne présidentielle marquée par une lepénisation des esprits à droite, la question des alliances avec l'extrême-droite xénophobe et raciste du clan Le Pen se pose avec plus d'acuité que jamais. Et tant pis pour les principes de la république.
Si officiellement Jean-François Copé refuse toute alliance locale, certains élus de la base ne sont pas de cet avis et sont à deux doigts de franchir la ligne rouge. Ainsi le candidat UMP dans la circonscription où se présente Gilbert Collard envisage de se retirer en faveur de ce dernier. Une déchéance morale qui pourrait être suivie par d'autres, notamment dans les Bouches-du-Rhône, dans la circonscription du socialiste MIchel Vauzelle.
Le plus inquiétant cependant n'est pas dans ces phénomènes locaux mais dans le refus officiel désormais de l'UMP que d'appeler au front républicain face à l'extrême-droite. Ainsi Jean-François Copé, Alain Juppé et Bruno Le Maire ont répété depuis hier ce soir ce même refus. Pourtant, ce front républicain leur avait bien servi en 2002, et c'était même Jacques Chirac qui l'avait érigé en axiome, d'ailleurs repris par la gauche dans les neuf duels qui opposeront l'UMP et le FN dimanche prochain.
Pour l'instant seule Chantal Jouanno a appelé de manière claire à voter à gauche contre le FN. Cet après-midi, le Bureau national de l'UMP devrait décider d'appliquer la règle du "ni-ni". Une couardise qui démontre la faiblesse idéologique de la droite parlementaire en ce moment. En 1997, quand elle subissait une débâcle dans les urnes, elle n'hésitait pas à appeler au front républicain car son corpus idéologique était cohérent et ne souffrait pas de contradictions politiques. Aujourd'hui pourtant la guerre des courants qui anime ce parti menace de le rapprocher de l'extrême-droite et de pourrir le débat politique dans les années à venir.