Le Parti Pirate s’invite aux élections législatives
Publié le Par Jennifer Declémy et Julie Catroux
Nouveauté de cette élection législative, le Parti Pirate présente plus d'une centaine de candidats, dont 44 en région parisienne. S'il n'a que peu de moyens financiers, ce parti espère bien gagner en importance dans les années à venir.
Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, le Parti Pirate devient aujourd'hui la nouvelle cible des médias. Attisant la curiosité, ce parti politique, car oui n’oublions pas que le Parti Pirate est bel et bien un parti politique, fait le bonheur des journalistes qui s’amusent à décrypter cet étrange phénomène. Pour preuve, 101 candidats ont été investis en France par le Parti Pirate pour les prochaines élections législatives du 10 et 17 juin. Par conséquent, le parti présente un candidat dans plus d’une circonscription sur six. Et en Ile-de-France, ce sont près de 44 candidats qui tentent leur chance.
Né en Suède en 2006, en premier lieu pour « protester contre le fait de traiter de pirates ceux qui partageaient de la culture comme on pouvait se prêter des livres auparavant » selon Maxime Rouquet, coprésident du parti, le Parti Pirate s’est ensuite rapidement transporté en France. Toutefois, émergeant dès 2006, le Parti Pirate a pris son temps. Les membres ont d’abord eu une phase de réflexion avant de déposer les statuts en 2009.
À l'origine du mouvement, le programme se base sur la défense des libertés et droits fondamentaux et s'articule sur la protection de la vie privée, la réforme du droit d'auteur et la lutte contre les monopoles privés. Aujourd’hui le mouvement est organisé autour de trois grandes propositions: la légalisation du partage sur Internet, l’indépendance de la justice et la transparence de la vie politique. « L’idée du Parti pirate est de remettre en question des mécanismes qui existent depuis longtemps mais qui ne sont plus adaptés aux nouveaux usages » annonce Pierre Mounier, candidat du Parti Pirate aux élections législatives dans la 15ème circonscription de Paris. Farouchement opposé à la loi Hadopi, ce candidat se demande « comment le Parti Pirate peut aider les citoyens à reprendre le contrôle dans cette démocratie ».
Pierre Mounier, candidat aux législatives dans la 15e circonscription parisienne.
Organisé sur un modèle participatif, le Parti Pirate propose un système de participation original. Souhaitant une vision démocratique la plus horizontale possible, les militants désirent que « tout le monde puisse participer le plus possible aux débats de la société ». « Nous militons pour une démocratie liquide qui et un mélange entre la démocratie directe et représentative » déclare Véronique Bover Sayous, candidate du Parti Pirate dans la 2ème circonscription de Paris. Faisant principalement campagne sur Internet à travers un forum dédié au parti et les réseaux sociaux, les candidats ne font que très peu de tractage, qualifiant la relation avec les citoyens de « consumériste » lors de ces déplacements. Avec peu de moyen, Veronique Bover Sayous avoue « sortir régulièrement de l’argent de sa poche » pour financer sa campagne.
Espérant faire au moins 1% lors des élections législatives pour voir leur financement de campagne remboursé par l’Etat, les candidats du Parti Pirate croit au changement et à l’évolution de la société. Avec actuellement 500 adhérents, le parti grandit de jour en jour. « Chaque jour, les adhésions se multiplient et il faut prendre en compté également le nombre de personnes participant au forum » insiste Pierre Mounier. En effet, plus de 2500 personnes discutent sur le forum et le compte Twitter du Parti Pirate compte près de 20 000 « followers ».
Avec 44 candidats aux élections législatives en Ile de France, le Parti Pirate veut faire parler de lui. Ne faisant rien comme tout le monde, ces opposants à la loi Hadopi ont investi le plus jeune candidat lors de ces législatives, en la personne d’Alexis Atlani. A tout juste 18 ans, ce jeune étudiant en classe préparatoire scientifique se présente dans la 5ème circonscription des Hauts-de-Seine.
Alexis Atlani, candidat dans les Hauts-de-Seine.
Alors que le Parti Pirate allemand vient d’intégrer le parlement de la Rhénanie du Nord-Westphalie avec 7,8% des voix, le Parti Pirate français préfére fonder son espoir sur les élections européennes où les petits partis peuvent plus facilement remporter des suffrages étant donné le mode de scrutin. Comme les Verts il y a quelques années, le Parti Pirate se verrait bien présent au Parlement européen en 2014.
Voir aussi : le Parti Pirate en Allemagne.