Présidentielle : le débat décisif.
Publié le Par Jennifer Declémy
Très attendu par tous les acteurs de cette campagne présidentielle, le débat de ce soir fait l'objet de beaucoup d'espoirs dans le camp de Nicolas Sarkozy, tandis que chez les socialistes, l'enjeu semble avant tout de ne pas trébucher sur la route qui semble mener à l'Elysée.
C’est le dernier grand moment de cette campagne présidentielle qui a commencé en septembre dernier, lors de la primaire socialiste qui avait magistralement consacré François Hollande comme le candidat du Parti Socialiste. Entré en campagne bien plus tard, au mois de février dernier, Nicolas Sarkozy n’a toujours pas réussi à prendre l’ascendant sur ce rival qu’il comptait pourtant « exploser », et les résultats du premier tour, décevants pour la droite républicaine, laissent envisager très sérieusement une victoire de la gauche dimanche prochain. Cependant, pour reprendre l’avantage et essayer d’inverser les courbes, le président sortant veut compter à tout prix sur ce débat télévision, tradition de l’entre-deux tours, pour faire trébucher son adversaire.
Du côté de l’UMP, on attend ce débat avec une forte impatience et on en parle autant que possible, évoquant sans arrêt un « moment de vérité » entre un candidat qui ne ment pas [Nicolas Sarkozy] et un candidat qui esquive tout le temps et qui bénéficie d’une immunité médiatique [François Hollande]. Et l’enjeu est d’importance dans la mesure où ce sont environ vingt millions de français qui sont attendus ce soir devant leurs écrans télévisés.
Selon un tirage au sort minutieusement vérifié, c’est François Hollande qui aura la parole en premier, et c’est le président-candidat qui conclura. Depuis des semaines déjà les deux adversaires préparent ce moment, visionnent d’anciens débats et peaufinent leurs programmes pour ne surtout pas être pris en faux par son rival. D’ailleurs, l’agenda de François Hollande a été considérablement allégé en ce début de semaine pour qu’il puisse s’y préparer en toute sérénité.
Dans l’histoire de la Cinquième République, ce débat de l’entre-deux tours n’a jamais changé le cours de l’élection présidentielle, sauf en 1974, date où l’on instaura officiellement cette rencontre entre les deux finalistes, où les politologues pensent examiner que la mauvaise prestation de François Mitterrand face à Valéry Giscard d’Estaing lui coûta de peu la victoire, alors que le score final accorde en effet une défaite à quelques centaines de milliers de voix aux socialistes. Si en 2002 il n’eut pas lieu étant donné les circonstances particulières, tous les autres débats, à chaque occasion, ne firent que conforter les positions de favoris de François Mitterrand en 1981 et 1988, Jacques Chirac en 1995 et Nicolas Sarkozy en 2007.
Dans le contexte actuel, et avec l’écart qui existe actuellement entre les deux finalistes (entre 6 et 8 points), il faudrait que ce soir, François Hollande fasse une énorme erreur et que Nicolas Sarkozy l’emporte de manière nette, incontestée et absolue. Et encore, cela ne garantit pour autant pas grand-chose. Dans tous les cas de figure, du côté socialiste, on s’attend au pire du pire de la part du président sortant, mais le socialiste s’y prépare déjà et compte avant tout garder son calme, comme l’explique Michel Sapin qui juge que « face à quelqu’un qui bouge tout le temps, il va faire valoir sa cohérence et sa constance, et souligner que c’est Nicolas Sarkozy qui a changé ses propositions ».
De l’autre côté, à l’UMP on espère « débusquer » le député de Corrèze, notamment sur le nucléaire, l’immigration ou les retraites. Avec un espoir que Nicolas Sarkozy nourrit depuis son entrée en campagne : faire entrer François Hollande sur le ring pour le réduire en miettes, alors que le candidat de la droite estime être bien meilleur que son rival de gauche. Mais le porte-parole de François Hollande est catégorique, « la confrontation oui, la baston non ».