Les dirigeants européens inquiets du score de Marine Le Pen
Publié le Par Julie Catroux
Les dirigeants européens sont préoccupés des résultats du Front National au premier tour de l’élection présidentielle.
Il n’y a pas qu’en France que les résultats du Front National résonnent comme un coup de tonnerre politique. Les dirigeants européens se disent inquiets de ce score qui fait suite à la percée d’autres partis d’extrême droite ou populistes ces dernières années, notamment au Danemark, Autriche, Hongrie, Finlande, Norvège, Suisse ou aux Pays-Bas.
Avec un résultat historique (18,33%), le Front National arrivant en troisième position aura un rôle d’arbitre au second tour. Prônant un référendum sur une sortie de l’euro et souhaitant replacer les nations au dessus de l’Europe, avec une loi française supérieure au droit européen, les principaux idéaux de l’extrême droite ont de quoi inquiéter les autres pays européens.
La Commission européenne a appelé les dirigeants européens « à ne pas céder à la menace populiste. Il est évident que la crise économique a exacerbé des inégalités sociales et que, dans ce contexte économique, il y a un terreau politique pour le développement des populismes", a admis le porte-parole du président de la Commission, José Manuel Barroso. Mais, pour répondre aux défis de la crise "il faut réagir ensemble. La bonne réponse c'est d'introduire plus d'Europe. Le repli sur soi, les solutions nationales dans un espace mondialisé, nous pensons que ce n'est pas la solution la plus efficace", a-t-il affirmé.
Première à commenter le scrutin, par le biais d’un des porte-parole du gouvernement allemande, Angela Merkel juge la situation « préoccupante » avant d’ajouter « mais je suppose que cela va se régler au deuxième tour ». En marge d’une réunion des ministres des affaires étrangères à Luxembourg, les commentaires ont été nombreux et pas très enthousiastes. Le chef de la diplomation luxeburgeoise, Jean Asselborn n’a ainsi pas maché ses mots et a accusé Nicolas Sarkozy d’être en partie responsable du succès du FN : « Si on répète tous les jours qu'on doit changer Schengen, qu'on doit avoir une politique d'immigration forte, qu'on doit parler de l'exception française, et tout cela, c'est de l'eau au moulin du FN. Le Front national, cela veut dire pas d'euro, pas d'Europe, pour la France comme pour l'Europe et c'est le mauvais chemin, il faut briser cette logique ». Socialiste, il estime que le président de la République a contribué à la percée du FN, en raison de son choix de faire campagne sur les frontières européennes et le contrôle de l’immigration. Egalement socialiste, le ministre des affaires étrangères danois Villy Sovndal a jugé que le résultat du vote d’hier était « extrêmement préoccupant » et qu’il s’inquiète de « ce sentiment que nous constatons contre des sociétés ouvertes, une Europe ouverte».
Les dirigeants s’inquiètent de cette montée du Front National et certains analysent cette percée par un désaveu infligé à Nicolas Sarkozy. C’est le cas de la presse grecque qui estime que la chute du président-candidat lors des résultats du premier tour est issue d’un refus de la rigueur imposée à l’Europe par Angela Merkel « L'architecture de l'Europe est en pleine mutation ». Voilà comment les médias grecs commentent les résultats du premier tour de l'élection présidentielle en France. La politique d'outre-Rhin est pointée du doigt par la grande majorité des Grecs. Il y a deux ans tout juste, le pays était mis sous tutelle du FMI et de l'UE.
La montée de l’extrême droite est toujours un sujet d’inquiétude pour les dirigeants européens.