L'extrême-droite plus forte que jamais.

C'est come une très mauvaise résurgence du 21 avril 2002, un traumatisme différent, mais bien réel. En obtenant deux millions de voix de plus que son père en 2002, et en obtenant ainsi un score historique pour le Front National, Marine Le Pen installe définitivement l'extrême-droite en France, en réunissant sous son nom près de 6 millions d'électeurs. Un désaveu pour les partis républicains qui n'ont pas su saisir le problème moral grandissant qui se met en place dans le pays, et gangrène la France.

"La France adhère de plus en plus au programme du Front National qui veut donner la priorité aux français pour le logement et le social, et stopper l'immigration" exultent les cadres du Front National, qui espèrent un prochain succès aux législatives pour confirmer cette implantation. Et pour la présidente du Front National, effectivement, "ce premier tour est le commencement d'un vaste rassemblement des patriotes de droite et de gauche. La bataille de France ne fait que commencer".

Pour Sylvain Crépon, spécialiste de l'extrême-droite, ce vote élevé s'explique par le fait que "les deux principaux candidats ont tenu un discours très mesuré, très gestionnaire, très technocratique, et donc difficilement audible auprès de l'électorat précarisé, peu diplômé. Cela a accentué le sentiment de dissociation entre les élites et le peuple et favorisé un discours populiste". En accentuant sa fin de campagne sur les thèmes traditionnels du Front National, Marine Le Pen a réussi à dépasser un discours économique complexe et pessimiste, pour réunir derrière elle un vote protestataire contre un système en défaillance.

"Nous sommes la seule opposition à la gauche ultralibérale, laxiste et libertaire" s'est exclamé hier soir la présidente de l'extrême-droite française, constatant que "ce soir, avec honneur et dignité, les français se sont invités à la table des élites. Rien ne sera plus jamais comme avant". Désormais donc, la France comporte une extrême-droite puissante, la plus puissante d'Europe, ce qui confirme, pour Dominique Reynié, "la poussée populiste en cours dans toutes les sociétés européennes, et on constate que l'ensemble du spectre glisse vers le centre et la droite".