Marine Le Pen : opération dédiabolisation réussie ?

Elle aussi a commencé sa campagne présidentielle il y a très longtemps, et à la veille du scrutin du premier tour, Marine Le Pen s'avoue satisfaite de la tonalité générale de sa campagne, même si elle n'en est plus au point où elle menace Nicolas Sarkozy de l'évincer du second tour. Après une campagne démarrée en trombe, où elle restait au-dessus des 20% d'intentions de vote, Marine Le Pen a cependant connu quelques semaines d'essoufflement, confrontée à un Jean-Luc Mélenchon qui menace directement sa troisième place.

Si son objectif principal était de crédibiliser son parti politique, le pari n'est qu'à moitié réussi. En s'emparant des thématiques économiques et socialies, elle a créé la surprise et réussi à s'attirer un électorat plus diversifié. Surfant sur la crise et la peur du déclassement qu'elle suscite chez de nombreux français, Marine Le Pen a remis le souverainisme au goût du jour, avant de revenir sur des thématiques plus traditionnelles de son parti, notamment avec la tuerie de Toulouse dont la candidate de l'extrême-droite aura tenté de profiter jusqu'au bout.

La dédiabolisation de son parti aura également rencontré certains obstacles sur sa route, qui l'auront empêché de se réaliser : une valse à Vienne avec des nazis, une citation paternelle du poéte collabo Brasillach et une même saillie verbale de papa comparant Nicolas Sarkozy au national-socialisme remettront toujours au goût du jour les références et origines historiques du Front National et l'empêcheront d'être considéré comme un parti classique ayant vocation un jour à gouverner le pays. Cependant, avec sa première campagne présidentielle, Marine Le Pen a réussi à définitivement s'installer dans le paysage politique, laissant craindre, dans les années à venir, une plus grande influence et de meilleurs résultats électoraux.