Nicolas Sarkozy a décidément du mal avec la vérité.
Publié le Par Jennifer Declémy
Un des faits les plus marquants de la campagne de Nicolas Sarkozy aura certainement été les trop nombreux mensonges distillés tout au long de ses meetings et interventions médiatiques. Une posture qu'il assume à moitié.
C’est difficile de recenser tous les mensonges et approximations proférés par Nicolas Sarkozy depuis le début de sa campagne, tant le président sortant est devenu un maitre-expert dans la matière. Alors bien sûr, tous les candidats cèdent face à la facilite de déformer la vérité pour asseoir leurs propos et convictions, mais le problème avec le candidat UMP est que ces mensonges sont tellement énormes qu’ils décrédibilisent totalement la vie politique et la campagne présidentielle.
Les mensonges les plus grossiers concernent le programme de François Hollande. Ainsi, Nicolas Sarkozy aime à dire que le socialiste veut régulariser tous les sans-papiers, fermer toutes les centrales nucléaires ou encore supprimer le quotient familial. Absolument rien de vrai dans ces discours, mais selon Libération, mentir à ce point sur le programme socialiste serait en fait…totalement prémédité. Citant un proche du candidat Sarkozy, le journal explique « il a voulu attaquer la gauche sur ces imprécisions. Il s’agissait de pointer du doigt l’invraisemblable stratégie de François Hollande, qui consiste, sous prétexte qu’il ne veut pas de débat, à faire glisser les propositions et à essayer de contenter tout le monde en menant un triple ou quadruple langage ». Et tant pis pour le respect des électeurs.
Sur la Libye également, les contre-vérités de l’actuel chef de l’état ont également été exposées cette semaine. Ainsi, Nicolas Sarkozy a beaucoup été interrogé cette semaine sur la vente de nucléaire à la Libye de Kadhafi, notamment après les révélations d’Anne Lauvergeon dans son livre publié récemment. Or, le président en campagne a beaucoup répété « qu’il n’a jamais été question de vendre une centrale à Mr Kadhafi (…) c’est grotesque. Le seul projet qui ait jamais existé pour les Libyens, c’est une usine de dessalement de l’eau de mer, qu’ils n’ont jamais faite, et pour laquelle les discussions n’ont jamais commencé », ce qui est faux, comme le lui a prouvé notamment le journaliste Jean-Jacques Bourdin. En effet, des documents prouvent qu’entre 2007 et 2010, des négociations ont été menées entre la France et la Libye concernant le nucléaire civil. Un mémorandum a même été signé pour « fournir à la Libye un réacteur nucléaire qui permette la fourniture d’eau potable » et son intitulé est on ne peut plus clair « mémorandum d’entente sur la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire entre la France et la Libye ». Beaucoup d’autres documents officiels attestent également de cette réalité.
Sur les chiffres également Nicolas Sarkozy a du mal à trouver quels sont les bons. Des montages ingénieux du petit journal de Yann Barthès ont déjà mis en exergue que selon le journaliste qui l’interroge, le candidat sortant change de chiffrage. Là par contre ce seraient de véritables erreurs, dues à un découpage entre ceux qui font ses discours et qui travaillent à l’Elysée, et ceux qui font les propositions et qui sont eux au QG, sans forcément faire le lien. Guère plus rassurant.
Cependant le chef de l’état n’est pas entièrement à blâmer dans cette avalanche de mensonges que l’on peut entendre chaque jour à la télévision ou dans d’autres médias. Si les journalistes faisaient correctement leur travail, et corrigeaient le président sortant quand il dit n’importe quoi, ce dernier ajusterait son discours et serait peut-être plus proche de la vérité. Son conseiller communication, Franck Louvrier, avait d’ailleurs expliqué à de nombreuses reprises que les bouleversement subis par le paysage médiatique, qui devient désormais un relais de la parole politique davantage qu’un décrypteur, expliquait en grande partie cette stratégie mensongère.