Le SMIC et la gauche
Publié le Par Jennifer Declémy
François Hollande a accepté l'idée de donner un coup de pouce au SMIC en cas d'élection. Un minimum pour le Front de Gauche qui ne comprend pas de telles réticences alors que la hausse du SMIC est présentée comme un incontournable point de passage de la gauche.
En annonçant récemment qu'il augmenterait légèrement le SMIC en cas d'élection, François Hollande n'a que modérément satisfait le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon qui eux promettent le SMIC à 1 700 euros net (alors qu'actuellement il est aux environs de 1 300 euros brut). Alors que pendant des années les socialistes avaient porté en revendication la valorisation et l'augmentation du SMIC chaque année, il semble que, depuis 2007, le PS ait laissé cette thématique à la gauche radicale. Une trahison pour certains.
La rupture s'est faite en 2007, après l'élection présidentielle de Nicolas Sarkozy. Alors que durant sa campagne Ségolène Royal avait promis un SMIC à 1 500 euros, elle a avoué par la suite que cette proposition était totalement "irréaliste" et qu'elle n'y croyait pas quand elle l'avait défendue. Dès lors, en 2012, la promesse ne figure pas dans la plateforme présidentielle de François Hollande qui promet simplement, au début de sa campagne, et du bout des lèvres, d'indexer le SMIC sur la croissance. Une promesse qui n'engage à rien dans la mesure où la croissance est actuellement quasi nulle.
Devant cet abandon, c'est donc le Front de Gauche et son candidat qui se sont emparés de ce thème, martelant haut et fort, tout au long de la campagne, cette proposition, quitte à se faire critiquer par tout le monde. Et la question de la hausse du salaire minimum en France en réalité illustre tout à fait la rupture qui existe entre la gauche radicale incarnée par Jean-Luc Mélenchon et la gauche plus "raisonnable" que représente François Hollande, social-démocrate jusqu'au bout des ongles. Le premier privilégie en effet le pouvoir d'achat des salariés pour relancer la croissance et l'emploi, tandis que le second préfére mettre l'accent sur le respect des contraintes budgétaires européennes et d'équilibre des déficits publics. Une différence de taille qui jouera donc complètement sur les stratégies économiques et sociales que ces deux représentants de la gauche mettraient en place s'ils arrivaient au pouvoir. Une différence aussi qui explique pourquoi un Gouvernement de gauche comprenant Jean-Luc Mélenchon, sous la présidence de François Hollande, est difficilement imaginable.