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Présidentielle : Nicolas Sarkozy a-t-il déjà perdu l’élection ?

Publié le  Par Jennifer Declémy

Crédit image © Capture d'écran


Parti pris.

 

 

Comment encore y croire ? Comment penser que Nicolas Sarkozy peut être reconduit à l’Elysée, alors que depuis quatre ans, sa côte d’impopularité ne cesse d’atteindre des sommets. Encore et encore le chef de l’état chute dans l’estime des français, ce mêmes français qui avaient eu confiance en 2007 et qui avaient voté massivement pour lui. Mais trop rapidement pour que l’on en saisisse les ressorts immédiats, ce lien est brisé, et Nicolas Sarkozy aura beau multiplier les efforts, rien ne semble ressouder le président et son peuple.

Il reste une semaine au président sortant pour faire mentir les sondages et renverser la tendance. Certes, les sondages ne sont pas tout, mais pris dans une tendance générale, ils démontrent tous la même dynamique qui prévaut depuis le début de l’entrée en campagne du candidat UMP : il y a, en France, un antisarkozysme puissant, viscéral, qui empêche Nicolas Sarkozy de prétendre l’emporter de nouveau le 6 mai prochain. Ce n’est pas la réalité d’un phénomène parisien, entretenu par des journalistes bobos et décalés de la réalité. Il s’agit d’un phénomène qui concerne n’importe quel quidam que l’on rencontre dans les rues de France, il s’agit de monsieur Tout-le-monde, il s’agit de la caissière du coin et de n’importe qui, pauvre comme riche, immigré comme français de souche. L’antisarkozysme est aujourd’hui un mouvement qui se structure, qui se mesure et qui s’explique.

Nicolas Sarkozy peut tenter d’expliquer les errements du début de son quinquennat par l’amour qu’il portait à Cécilia, et ses tentatives de reconquête, les français n’y croient pas et n’apprécient pas qu’on rejette la faute sur son ex-femme. Nicolas Sarkozy peut bien expliquer que c’est la faute de la crise, les français ne voient que l’argent des Bettencourt qui vient salir le pouvoir, ce bouclier fiscal qui protège les riches, ces fortunes qui s’étalent autour du président, avec une arrogance folle et démesurée et ils se sentent humiliés par cette richesse qu’ils ne peuvent même pas imaginer, eux qui n’arrivent même pas à boucler la fin du mois et qui craignent par-dessus tout le chômage et le déclassement.

Les fautes du président sortant sont innombrables, elles touchent tous les domaines de l’action publique et politique, elles sont des erreurs de style et de goût mais elles sont aussi des erreurs de stratégies que l’on ne peut plus annihiler. Nicolas Sarkozy pourra s’entourer de tous les gourous qu’il veut, le peuple, cette « majorité invisible », cette France du NON, ne pourra jamais lui pardonner l’augmentation du chômage, la stigmatisation des chômeurs et des étrangers, la perte du pouvoir d’achat, la dégradation de l’école et de la santé. Et venir lui parler constamment d’immigration et d’insécurité ne fera qu’accentuer ce fossé entre un peuple et son élite suprême.

C’est comme si Nicolas Sarkozy n’avait pas compris que cinq années s’étaient écoulées depuis 2007, qu’un quinquennat entier s’était imprimé dans la tête des français et que la magie était désormais, et depuis très longtemps brisée. S’il avait axé son discours et sa campagne sur l’économie et le social, peut-être aurait-il pu remonter la pente, mais, à vouloir retenter le coup miracle de 2007 et à vouloir siphonner l’électorat de Marine Le Pen, grossièrement, sans prendre de gants, il a achevé de prouver aux français qu’il n’avait toujours pas compris la réalité du pays, la réalité du désamour que lui porte dorénavant une majorité de français.

Nicolas Sarkozy a-t-il déjà perdu ? L’estime des français oui. Quant au scrutin présidentiel, un coup de tonnerre est toujours possible, mais c’est l’unique chance du président sortant….